Plusieurs années de tortures, de tests, d’expériences sous la direction d’Azûl Keerlach. Plusieurs années pour détruire l’espoir, le droit, l’avenir, le présent et le passé d’un être pensant. La vie d’homme réduite à un simple mot sur le vélin d’un parchemin, un mot d’une précision fatale écrit avec soin par la main d’un homme…
Sujet
Ces années durant, je me suis souvent posé la question qui elle aussi se résume en un mot, dit, crié, hurlé, pleuré dans la souffrance et l’horreur de ce que mon corps subissait sans comprendre…
Pourquoi ?
Ces années durant, j’ai souvent souhaité, espéré, prié, quémandé la paix, la fin de ce que je ne comprenait pas, de ce qui pour moi n’avait aucun sens. Était-ce la vie de tout à chacun ? Était-ce pour cette raison que j’étais venu au monde ?
Mourir
Une voix est venue me murmurer à l’oreille : Est-ce cela que tu désires ? Je lui ai hurlé : Oui ! Cette même voix douce continua : Je vais te donner ce que tu recherches mais saches que tout à un prix. Je lui ai répondu : Je paie volontiers ! Si ce que je ne comprends pas cesse ! C’est ainsi que les portes de la mort se sont ouvertes devant moi et je me suis précipité entre elles. Les douleurs ont cessé lorsque les portes se sont refermées derrière moi me laissant seul face à une plaine sans fin. Tout n’y était que grisailles et silence. Tout était ce que je n’avais jamais osé rêver.
Paix
J’ai erré sur ces terres n’y rencontrant rien d’autres que le silence. Mes pas ont longtemps résonné dans ce monde jusqu’au jour où j’ai gravi une colline escarpée. En son sommet, j’ai découvert ce que je serai, sans le savoir. Une vallée s’étendait en contre bas, des bâtisses faites d’ombres étaient érigées, une ville obscure dont les habitants parcouraient sans relâche les rues sinueuses. Je suis resté une éternité à l’observer du haut de mon promontoire, essayant de comprendre ce que c’était, ce que cela représentait. J’avais tout le temps, mais lui n’était pas du même avis. Quelques habitants de cette ville improbable ont dû m’apercevoir car ils montèrent jusqu’à moi dévoilant durant leur ascension leur véritable apparence. Des êtres torturés et grimaçants, voilà ce qu’ils étaient. C’est en croisant le regard de l’un d’eux que j’ai compris.
Le prix à payer
Je suis devenu l’un des leurs, une de ces choses qui n’a pas de repos, une de ces choses qui attend depuis toujours, qui attend de pouvoir partir ailleurs… Une âme en peine. Durant tout le temps qu’a duré ma dette, j’ai découvert une autre forme de souffrance, celle de l’esprit et à nouveau j’ai crié, hurlé mon existence injuste et je me suis abreuvé de la vie par vengeance, par haine, tuant et torturant à mon tour pour me libérer, pour que tout cela cesse. La même voix est revenue me murmurer à l’oreille : Est-ce cela que tu désires ? Dans ma folie, je lui ai à nouveau hurlé : Oui ! La voix a repris : Je vais te donner ce que tu recherches mais saches qu’à nouveau, tu devras en payer le prix. Je hurlais : Quel est ce prix ? Quelle est ma dette pour être libéré de ce que je suis ? La voix a répliqué : Pour la paix de ton esprit, il te faudra retrouver ton corps meurtri et… Je la coupais : J’accepte ! J’accepte ! De nouveau, la voix parlais : … et ta vie sera désormais marquée par la mort à jamais.