[RP] A l'infirmerie (Kiran - Naïchka)

La douleur semblait encore vive malgré les calmants administrés par le médecin de bord, qui avait eu passablement de mal à remettre l'os en place de la vorox, avec l'aide de Kiran qui avait dû quelques fois s'interposer pour lui permettre de faire son travail. Néanmoins, après de longues minutes, une attelle avait pu être posée et un bandage enroulé. Jamais le médecin de bord n'avait transpiré autant pour prodiguer ses soins. Appelé par l'interphone, celui-ci ne s'éternisa pas dans l'infirmerie, apparemment appelé pour une autre urgence.

Il ne restait donc à l'infirmerie que les deux vorox, qui remplissaient une bonne partie de la pièce à eux deux. Naïchka observait son bras bandé, apparemment encore un peu stone malgré l'organisme particulièrement résistant des membres de sa race. Elle adressa un semblant de sourire à Kiran, reposant soutenant son bras de sa main inférieure.

Merci d'être resté... se contenta-t-elle de lâcher à l'intention du vorox.

Le vorox semblait éviter le regard de Naïchka, tiraillé entre l’envie de dire ce qu’il avait sur le cœur et la culture d’ungavorox qui voulait que ces choses là ne se disent pas. De fugaces pensées lui traversèrent l’esprit… Il était resté trop longtemps parmi les humains, il était un guerrier, pas un courtisan… ils avaient tout deux un devoir qui amèneraient sans coup férir leurs chemins à se séparer...

Une profonde inspiration lui permit de reprendre un peu de constance, et il regarda la dame dans les yeux en lui disant :

Il fallait que je vous empêche de tuer le médecin. Et puis…

Mais la phrase resta bloquée dans sa gorge, il allait faire comme les humains, et il était vorox… Il en avait déjà trop dit et repris la contemplation du mur en silence.

Naïchka l'observa longuement, froncant légèrement un sourcil, intriguée.

Quelque chose ne va pas ? Vous étiez moins nerveux avant notre combat que maintenant...

La vorox sembla humer l'air un instant, dans la direction de Kiran.

Un léger sourire, que n’importe quel humain aurait pris por
un rictus menaçant, se dessina sur le visage du vorox…

Non… enfin… c’est différent ici. Tout est différent et j’ai
peur de ne plus savoir comment je dois être, qui je doit être…
Suis-je le lieutenant Kiran de l’armée Hazat ou Kirangarak
du clan Vindukar ? Dois-je faire ce que me dicte mon héritage ou mon
éducation ? Dois-je suivre mes instincts ou mes prérogatives ?

Kiran reporta son attention sur Naichka avant de continuer…

Je sais ce que vous allez dire, je me pose trop de
questions, mais c’est comme ça… si je ne m’en étais pas posé, je n’aurais pas quitté
ma… notre planète.

Le sourire de Naïchka s'élargit légèrement alors que ses sourcils se détendent.

C'est une question de compagnie je pense... Je suis moi aussi confrontée à ce dilemme tous les jours à bord de ce vaisseau. Je n'y suis pas arrivée de ma propre volonté, et j'avoue que si je laissais parler mon instinct trop souvent, j'en aurai sans doute éviscéré plus d'un à bord... Mais j'ai appris, ou du moins j'apprends encore, à me comporter au maximum comme les humains l'attendent quand je suis en leur présence... Ce qui veut dire la majeure partie du temps...

Elle observe le vorox un instant, penchant légèremen la tête du côté de son oreille meurtrie.

Mais nous sommes vorox... Une espèce avant tout instinctive... Et je ne sais pas pour vous, mais je ne me reconnais pas dans ce rôle que je "joue" ici. Je ne me plainds pas de ma condition, bien au contraire... La duchesse accorde beaucoup d'attention à mon bien être, pour que je me sente au mieux en sa compagnie, et celle de Larianne, sa confidente.

Le regard de Kiran de vint triste, comme une ancienne blessure rouverte ou un regret trop longtemps caché. Il regarda Naichka dans les yeux, cherchant au fond de son regard la force qui lui manquait pour continuer, pour avancer…

Malgré l’attention, l’affection et l’amitié que nous porte nos compagnons humains, nous somme seuls… Nous vivons depuis des millénaires en familles, en clan et en groupes, mais vous et moi avons choisit de quitter cette vie pour voir au-delà des étoiles…
Ce n’est pas la compagnie, ou les gens à qui parler, qui me manque, mais quelqu’un qui comprenne ce que veut dire Sok’Tamog, qui sache quant je souris et quant je grogne… et pourtant, nous sommes seuls… si seuls…

Et alors que la phrase pris fin dans un quasi murmure, une larme sembla vouloir poindre à l’œil de celui qui est vu par ceux qui l’ont croisé et qui le croiseront à travers les étoiles comme un fière guerrier, machine de guerre de chaire, de sang et sans sentiments…

Personne en m’attend au-delà de mon devoir, personne ne se demande comment je vais, si loin de cette maison que je n’ai pas… Je n’ai personne…

Naïchka posa un regard dans lequel se lisait la compréhension sur son semblable, se redressant sur ses pattes arrières pour s'approcher un de lui, son museau glissant contre le sien pour venir lécher doucement cette larme.