[Voyage d'Amila] Le temps manque toujours...

Elle chevauchait au trot, son petit étalon fougueux la portant de place en place, chaque soir à un nouveau refuge, chqaue soir à une nouvelle auberge.

Amila contait alors, racontait, répondait aux question avec son talent d'oratrice apte à faire briller les yeux et rêver les coeurs. Parfois il y avait des "ho" et des "ha", et elle rajoutait au récit de grandes batailles et des souvenirs intimes. Et quelques fois aussi le ton montait, quand ses contes étaient pris pour des blasphèmes à la foi draconique. Mais toujours Amila racontait les choses pour rappeler que la Verité n'existe au coeur de personne, et que la seule qu'elle avait jamais trouvé sans en être déformée l'avait été dans un livre écrit ni de main d'homme, ni de main de Dragon. Que des dragons, elle louait la sagesse, comme elle osait prétendre la faillibilité, comme celle des pauvres, et des puissants.

Elle racontait les chevauchées Zul, la magie des Questeurs Blancs, la fougue des combats de tel ou tel héros. Nul besoin de savoir si c'était si vrai, cela aurait pu l'être, le plus important étaient les leçons et les vérités qu'elle glissait dans ce qui était en grande partie une fiction pour faire briller leurs yeux à tous.

Mais quand on venait la voir en privé, tandis qu'elle se désaltérait, elle racontait un peu moins de conte, et plus d'histoire, disait que tout se passe ici et maintenant. Qu'il faut le raconter, la Compagnie, la Croisade, les Zuls, Griffs et ses enfants affamés, et que si elle savait tout ça, c'est parce que si elle avait un rôle à jouer, le seul, c'était de tout dire.

Et que si assez de gens l'entendaient, assez de puissants, les choses pourraient être arrêtés. Le destin n'est jamais écrit. Sauf si on on ne fait rien pour l'en empêcher. Et à certains, mais aussi à ses frères et soeurs Voyageurs, elle avoua que sa seule crainte était de ne pas parvenir à rejoindre les Marches vivante, pour y raconter tout cela à Jarl. Et que plus elle diffuserait tout ce qu'elle savait, plus il y aurait quelque part de chances que l'on puisse tout arrêter, avant que Kor ne se couvre de sang.

Elle ne révéla jamais qu'elle avait écrit une copie du livre. Mais elle ne cacha pas qu'elle existait, et que dans ses pages, il y avait peut-être de quoi tirer un peu de sagesse de sa Vérité.

Peut-être que sur la route, elle trouverait des alliés. Il faudrait qu'elle les choisisse avec soin, et prudence. Et elle se mit à croire qu'elle arriverait peut-être en vie. Il valait mieux le croire. Car la vérité est qu'elle était persuadée qu'elle ne pourrait échapper aux assassins qui finiraient par la trouver.