[résumés de parties] Les épisodes d'Alternity

1: La sommes de toutes les peurs.

Darren Walsh a vécu toute sa courte vie dans la peur. Il a tué un innocent parce qu'il a appris à en avoir peur. Il a vu dans son miroir ce que le choix de l'évolution et du destin a fait de lui: la somme même de toutes les peurs qu'on lui a enseigné. Il a enfin vu dans le regard du seul homme en qui il aurait pu avoir confiance la seule chose qu'il inspire, la chose qui fait de lui ce qu'il est, et ce qui fait mouvoir son coeur.

La peur.

Darren Walsh roule maintenant à toute vitesse sur sa moto, dernière chose qu'il a pu sauver de son passé, 48 heures avant, il roule contre le temps, contre la nuit qui va tomber, contre la peur qui lui bouffe à nouveau le ventre. Et les rues de Washington défilent autour de lui, égrainant le temps inéluctablement.

...

Vendredi 3 Mars 2007, la banlieue sud de Washington abrite toujours le luxe, la richesse et les complots et le génie des grands penseurs et politiques des USA. Et une école un peu spéciale, et peu connu, qui abrite des enfants que l'on peut sans se tromper qualifier de sur-doués. Y compris les plus communs d'entre eux.

L'Ecole da Vinci accueille des mutants, de ces enfants, adolescents et adultes dont la société ne sait plus que faire, ni que penser, et qui motivent crainte, inquiétude, doutes, envies, mais surtout peur. Certains peuvent contrôler les machines électriques à distance, d'autre lire vos pensées, ou soulever ce que soulève dix fois un homme. Ils sont tous différents, et bien trop forts, bien trop puissants, et bien trop incontrôlables pour avoir une place traçée et trouvée dans une société où la règle la plus humaniste dit que les hommes sont tous égaux. Ainsi même, sont-ils encore des hommes?

Il est 19hr52, Et Jessica Xavier lit tranquillement dans les salons silencieux du manoir. A quelques pièces de là, ceux des élèves mineurs, qui ne peuvent rejoindre leur famille le week-end, jouent aux jeux vidéos, se chamaillent, et regardent l'un des nombreux films de la vidéothèque. Pour la mutante exercée, télépathe qui eut comme professeur son célèbre père, mais aussi l'une des plus redoutables ex-criminelles à super pouvoir des années d'avant le décret Alternity Zéro, laisser planer une petite partie de ses pensées dans les lieux, pour simplement être à l'écoute de toute tension ou accident naissant, est un exercice commun. Ainsi donc, elle, directrice de l'école, co-propriétaire des lieux, et héritière des Xmens, et du travail de feu Charles Xavier, n'a que peu de mal à maintenir la sérénité sans avoir que peu à user de la moindre autorité. Et à quelque heure que ce soit, ils savent tous qu'ils peuvent taper à sa porte et lui parler, si cela va mal.

Pour certains d'entre eux, elle est la seule à pouvoir les comprendre, et les apaiser. Les pouvoirs mutants ne sont pas toujours un don, mais souvent un fardeau.

Et dans cette vigilance légère exercée sur le manoir, elle ressent vite l'émoi que pourtant Charles-Robert, son dévoué ami et majordome, dissimule en discutant avec un petit groupe d'élève déjà bien tôt de retour de leur virée en ville du Vendredi soir.

(a suivre)

Le portable de Jessica sonna la seconde d'après.

- Madame.
- Oui, je sais. Ils en ont trouvé un, c'est cela?
- Oui, madame. Le scanner na' rien identifié... Ce monsieur a comment dire... une apparence déroutante.
- Hm... oui, je vois.

Jessica avait tout vu en effet, et Charles-Robert se doutait bien que sa patronne et respectable protégée avait lu ses pensées et déjà vu la tête originale et étonnante de l'invité qui arrivait en ce moment même à moto dans le parc, accompagné de deux des trois élèves de sortie, le dernier ayant rejoint le manoir un peu avant pour prévenir de cette arrivée.

- J'arrive de suite pour les accueillir, faites les patienter dehors. Il... enfin ce jeune homme aurait du mal à entrer dans le manoir sans y déclencher toutes nos alarmes à incendie.
- Oui, madame, à vos ordres.

Le majordome raccrocha le portable, et alla à la rencontre du trio, dont l'un d'eux projetait sur le gravier du parc, et les voitures proches, une lueur rouge et or d'un goût qui eu put être élégant... en d'autres occasions... non, franchement, il n'avait rien contre les mutants, mais il trouvait que mère nature avant des goûts douteux parfois.

Mais il savait tenir sa place, son rang, et son travail, il ne serait pas dit que cet individu ne serait pas accueilli avec le même rang que tout le monde ici.

...

Jessica s'était occupé de mettre à l'aise le jeune homme. Il ne lui avait fallu que quelques secondes de sonde mentale pour comprendre que si Darren était éclairé par une bonne lumière blanche assez vive, il reprendrait son aspect de jeune homme blanc, et plus cette apparence... elle évita le moindre commentaire, mais ne put s'empêcher de se dire que cela allait encore être compliqué. Le plan marcha, et le jeune homme pu pénétrer dans les dortoirs des souterrains, éclairés de néons vifs et ultraviolets, avec une apparence qui n'allait pas mettre le feu à tout ce qui pouvait brûler.

L'angoisse du jeune homme était si palpable que la télépathe avait du fermer avec conviction sa veille permanente. Il était en proie au pire des déchirements, on est pas souvent soumis à une telle injonction paradoxale: être ce que l'on hait et dont on a peur. Et parce qu'on a commis un crime. Le destin est farceur.

Mais la directrice de l'école douta que le jeune homme apprécia le goût de la farce... surtout quand on considérait son apparence dès qu'il était dans l'obscurité.

Ecoutant un peu le flot des pensées environnantes, elle sut de suite qu'Isis et Jenny, qui l'avaient trouvé, avec Peter, allaient le mettre à l'aise, et que Peter venait à la demande des deux adolescentes souvent complices de prendre l'écran géant du salon de projection, qui pour lui pesait une plume, et un lecteur dvd pour offrir au nouvel arrivant une séance de cinéma.

Parfait. Il lui sembla que fréquenter les élèves les plus ouverts d'esprit de l'école, y compris aussi Miranda, son élève télépathe, serait le meilleur des remèdes immédiat à son angoisse. Bien qu'elle sut déjà que le traitement contre une telle peur apprise serait fort long.

...

- Hé... merde mais il est à 65 miles?
- Ok, on le choppe, le p'tit con, on va lui apprendre à faire le zouave sur une Harley...

- Monsieur, vos papiers, s'il vous plait.
- Oui, monsieur l'agent, mais.. heu.. je suis pressé, j'ai vraiment pas le temps, là... heu, dites-moi le prix de l'amende, je règle en liquide, c'est que vraiment je suis pressé.
- Ben fallait pas rouler si vite, vous seriez à l'heure. Billy, tu me vérifie son identité? Monsieur, veuillez retirer les clefs de votre véhicule et me laisser vos mains en vue, s'il vous plait.
- Oui, mais... vous... allez avoir une grosse raison de m'arrêter là, je vais vous faire un choc!
- Mais oui c'est ça -rires- je crois que je devrais tenir le coup.
- Ho, mais merde, la moto elle prend feu?
- Billy, Billy, regarde!
- Pa... pa... par tout les saints, il... il est en feu!
- Un démon, c'est un démon!!
- Non, ho bordel c'est un mutant, appelle des renforts, merde!!
- Non... mais je vous avait prévenu, quoi...
- A terre, a terre, bouge plus, bouge plus!
- Non, mais arrêtez moi, si vous croyez que je trouve ça drôle, moi...

...

- Hey, Jenny, t'as vu, y'a le feu?
- Hein? T'as déjà trop bu, Peter?... Ha, mais oui, hé... ho waw, c'est un moto qui brule juste devant les flics?
- Attendez, on va voir?
- Oui, ok, de toute façon tout le monde s'y mets.
- Ho c'te foule, c'est l'attraction!
- Heu, tu as vu ce type?
- Ha... ouais... quand même...
- Il... il brûle pas?...
- ha si... mais je crois que les flammes viennent de lui, là... t'as vu sa tête?
- Clair que les flics paniquent, y'a pas qu'eux, tiens.
- Heu... on l'aide, dites?
- Ok, on l'aide!!!

(a suivre)

- Cela ira monsieur Bailey?
- Appelez-moi Max, comme Carol. Oui, Ca ira, enterrer un rapport de deux flics de patrouille n'est pas trop ardu, mais il a été filmé et contre ça, je ne peux plus promettre qu'il soit passé à travers les mailles du SHIELD.
- Je sais, je me doute qu'ils piétinent allégrement la Constitution s'ils jugent de le faire. Bien, c'est déjà pas mal, pour le reste, nous aviserons. Maintenant, il se réadapte, ici, mais cela va prendre du temps... il ne dit rien, mais il souffre.
- Je m'en doute, il a un sacré beau casier, les autres élèves vont supporter un petit con pareil?
- Je l'espère, car il n'aurait nulle part où aller. Il ne se supporte qu'à peine lui-même, si mes élèves n'ont pas appris à tolérer ce qui est différent, fut-il un garçon aveuglé par les idées de racisme de sa famille et qui paie un si cher prix, alors, je ne serai pas digne de poursuivre l'oeuvre de mon père.
- Ca, je ne peux pas en juger, Jessica, mais bonne chance, je vous tiens au courant pour le dossier de Darren.
- Merci. Et passez le bonjour à madame Ka.
- Ho, pas de suite, elle est en Alaska, là. On s'amuse beaucoup, nous aussi!
- Je m'en doute. Bonne soirée, Max, alors.
- De même.

...

Dimanche 5 Mars. Il a neigé toute la nuit de Samedi à Dimanche. Comme tout les week-end, l'école s'est vidée, mais jamais complètement. Ils viennent tous parfois de si loin. Mais pour une fois, Jessica est seule avec son vieux Charles-Robert lui faisait l'effet d'avoir le poids du monde sur le dos. C'était plus facile quand Logan, Emma, ou Bishop étaient là. Elle ne représentait pas à son idée une autorité qui ai la force du leadership de ces trois là. Et songea avec un sourire que parfois s'occuper de ses chers étudiants étaient un peu comme devoir entrer dans la cage aux fauves.

Les choses se passaient bien. Autant qu'elles puissent se passer avec dans les murs du manoir un jeune homme qui prend l'apparence d'un squelette grimaçant en cuir de motard et à tête de mort enflammée dès que la nuit ou l'obscurité le touche. Darren avait suivi Ange, Isi, Jenny, Peter et Melinda en ville, pour une grande journée shopping, et la directrice de l'école avait bien ri à voir Melinda, si sage, se retrouver habillée en motard américaine à qui ne manquait plus beaucoup d'accessoire pour figurer sur un magazine de charme.

Elle les voyait s'assumer, par ces choses si futiles et si importantes, et Charles-Robert en avait profité pour refaire les réserves de la semaine, dont la bière que les plus âgés tendait souvent à venir piquer plus que de raison. Mais la directrice surveillait du coin de l'oeil, et préférait leur laisser un peu de liberté à ce genre d'écarts, plutôt que d'interdire... Ainsi, elle n'avait jamais eu de mal à arrêter de suite tout excès d'un élève. Et puis elle pouvait toujours les convaincre un peu plus brusquement, ce qu'elle gardait toujours comme dernière carte pour les discipliner quand elle se sentait au pied du mur.

Le week-end serait calme, et tranquille, lui laissant le temps de décider que faire, et quoi faire pour Darren, qui était quand même recherché pour meurtre. Elle se rappela les années où elle avait leur âge, et son père qui l'avait envoyé en Angleterre, loin de la folie du monde en train de s'effondrer sous la violence et la haine. Même dans son petit cottage de la banlieue londonienne, elle avait vu les manifestation, tournant en émeutes, les guerres urbaines, et ces panneaux mal peint, hurlant « Mutant, tuons-les tous! ». Elle se souvint de ses larmes quand le pape déclara que les enfants de l'humanité ne faisaient plus partie du Royaume de Dieu, et de son crucifix qu'elle jeta avec rage.
Et elle blêmit au souvenir de ce jeune garçon de 14 ans au corps mi-homme mi-félin, qui devant les caméras complices de ses bourreaux fut crucifié et brûlé devant le drapeau Nazi d'un petit groupe de fous réfugiés en Autriche. L'image avait fait le tour du monde. Les mutants n'étaient plus des héros, ils n'étaient plus des êtres étonnants et faiseurs d'exploit... en dix ans, ils devinrent la chose la plus haïssable qui ai pu exister sur Terre.

Les hommes oublient vite. La haine disparut. Le pain et les jeux revinrent, quelques lois, quelques armées, l'autorité suffirent à montrer que désormais, on allait « s'occuper d'eux ». Et puis moins de dix ans après, qui se rappelle de ce qui faillit arriver, de la tentative de certains grand mutants emblématiques de commencer à rendre coup pour coup, de défendre leurs frères comme une guerre. Qui se rappelle que c'est mutant contre mutant que cela ne se fit pas, au prix de tellement de vies...

Il a suffit de moins de dix ans, et les livres d'histoire préfèrent parler d'autre chose. Le monde a changé... mais les mutants eux, n'y ont toujours aucune autre place que celle de s'y cacher sans faire de bruit.

Jessica cessa de ruminer. L'avenir était dans ses enfants, et leur avenir était de leur offrir le moyen de vivre comme tout un chacun, pour espérer trouver une place pour ceux qui n'en ont pas...

2: Liquidation 1.

- Hey, c'est quoi ce merdier?
Jimmy Anton, le regard vrillé à son écran, avait tout du chien qui a soudain envie de mordre, et la jeune amie qui jusque là s'amusait avec lui à transcrire des données d'un langage à l'autre en simple relecture se demanda si elle n'allait pas prendre un coup de dents.
- Heu, il t'arrive quoi, Jimmy?
- Ho meeerde! Merde, merde, merde, heuuu... chut, chut, là, si je déco pas tout les systèmes, y'a un truc qui va visiter tout les ordis de l'école, et je sais pas ce que c'est!

...

- Monsieur Baxter? On a une alerte sécurité delta sur les firewall de vos serveurs à Washington.
-- Ils vont tenir, non?... Ca ne sera pas la première fois qu'un crétin gouvernemental veut tester son dernier joujou sur nos serveurs, après tout, c'est à ça que cela sert.
- Heu, monsieur. Je veux dire que tout les firewalls de tout les serveurs de TOUT Washington sont au même niveau d'alerte. Quelque chose tente de pénétrer tout les réseaux en même temps depuis 2 minutes!
- Vous... vous voulez me répéter ça?
- Les serveurs du Pentagone et du FBI ont été coupés, et tout le réseau publique du Sénat est en code delta lui aussi. Monsieur, je crois qu'il s'agit d'un essai de liquidation.
- Bien, entamez les procédures d'isolement, on coupe tout. Et pour le serveur Archibald?
- Il est déjà en procédure, monsieur. Heuu, ça ne vient pas de nous, mais les codes sont authentifiés, je pense qu'ils ont du voir arriver l'attaque.
- Parfait. Je crois savoir qui a fait ça. On commence l'analyse dès qu'on est sûr que l'isolement a réussi, et vous reste en ligne, rapport minute par minute.

C'était la seconde tentative de liquidation en l'espace de moins d'une semaine. Osaka, et maintenant Washington. Quelque chose clochait de toute évidence, car ce n'étaient pas des liquidations, et personne n'avait revendiqué la tentative d'Osaka. Si celle-ci durait moins de 5 minutes, il n'y aurait plus de doutes. Quelque chose quelque part cherchait un truc énorme, ou testait un truc encore plus énorme.
Et Charles Baxter était trop curieux pour ne pas essayer de savoir ce que pouvait être cette chose énorme en question...

...

- Alors Jimmy, tu as réussi?
- Oui, madame, facile, en fait, on a tout isolé, et j'ai un traçé des systèmes qui lâchent les uns après les autres, j'ai même pu le cartographier, c'est du grand délire!
- Tu sais que je m'y connais moyennement. Tu me dis que tu avait les codes d'Archibald.
- Hum... heu.. ouais... enfin, disons que je lui ai demandé de me les donner, il n'était pas d'accord mais avec Kathy on avait voulu voir si on y arrivait et, enfin, je suis désolé si...

Jessica souria franchement. Il y a des sourires qui vous rassurent de tout, y compris de l'aveu d'avoir fait joujou à pirater les codes d'accès d'un serveur informatique réputé encore inviolable, même si Archibald n'était pas bien difficile à atteindre, jusque quelques mètres sous l'école, et que Jimmy avait déjà des accès privilégié aux serveurs de l'IA.

- Archibald et nos serveurs ne risquent plus rien, maintenant, non?
- Heu, ben, oui, madame, on a tout débranché en fait, sauf Cerebro, mais il est isolé de toute façon, alors rien ne pourrait entrer, non?
- Je n'en suis pas sûr, mais je crois que oui. Alors croit-moi, croyez-moi tout les deux, vous avez bien fait.

Dehors, les lumières de la cité s'éteignirent les unes derrière les autres. Tout les systèmes lâchaient prise, ou s'isolaient, et Washington fut pongée dans le noir. Même l'école le fut, quelques secondes, le temps que les générateurs de secours prennent le relais.

- Et voilà.. Qui que ce soit, il a coupé le jus. J'espère que ce ne seront pas des pannes trop graves.
- Aucuns risques, madame, c'est pas du piratage pour casser quelque chose, enfin, je ne crois pas. C'est tout les systèmes qui se coupent pour être sûrs de pas se faire pirater en fait. Ca va foutre un sacré gros merdier. Même les distributeurs de billets de loterie étaient affectés!
- Tu m'a dit que tu as cartographié quelque chose?
- Oui... c'est assez imprécis, mais bon, c'était pour voir si je trouvais le relais du truc qui a tout envahi. Je crois que je dois avoir le signal source quelque part, mais bon, heu, faudra le chercher, c'est le bordel là.
- Imprime-moi la carte... je veux être sûr de qui cela peut être.
- Pas de soucis!

Jessica se leva brutalement, devant une jeune Kathy un peu intimidée, et pas très rassurée.

- Hey, vous allez où, demanda Jmmy, tandis que son écran annonçait le redémarrage du système.
- Je vais voir Cerebro. En esperant que ça ne soit pas ça...

Jimmy se demanda un sacré moment ce que pouvait être ce « ça ».

...

...

Ils jouaient au billard, dans la morne ambiance d'un Dimanche plus mort qu'un Lundi de Premier mai à Paris. Le lieu était bruyant et enfumé, au fond, un grand écran retransmettait la coupe de Football américain, l'air sentait le café et la bière, la cigarette et le mauvais whisky. Ce genre d'ambiance que Jenny affectionnait, et qui l'avait attiré à traîner ses camarades ici. Darren stressait toujours de s'enflammer, et Isis avait toujours cet air d'ennui qui donnait la sensation que quoi que l'on fasse, s'amuser lui était un sentiment étranger. Miranda quand à elle était plutôt comme é son habitude souriante et joyeuse, de ce rire clair des gens qui ont vu la vraie misère et se rassurent d'un rien.
On occupe ses Dimanches comme on peut, et Jenny adorait se sauver ainsi de l'ambiance trop feutrée de l'école, même si elle avait deux beaux billards, et de la bière à foison.

On se mit à pester. L'américain moyen regardeur de football est un râleur, et le grand écran semblait pris de folie, les chaînes défilant à toute vitesse, coupées d'interférences. Cela eu pour effet un grand éclat de rire du groupe d'adolescents et des quelques occupants des lieux pour qui mater ce sport était une preuve notable de retour à l'âge de pierre.

Mais la radio qui diffusait les titres à la mode se mettait elle aussi à faire des folies, et plusieurs personnes commencèrent à injurier leur téléphone portable, lui aussi pris de démence.

Isis qui comme tout le groupe s'amusait du bazar fit une drôle de tête quand l'écran géant commença entre deux parasites à faire défiler des pages web. Google, Yahoo, des données de recherche, le logo de la Nasa, puis du FBI, les archives historiques du Sénat, des extraits de vidéo, dans un flot d'informations trop rapides à lire pour l'oeil. Mais Jenny regardait son téléphone portable en faisant la même tête... l'écran y faisait défiler les mêmes choses. Et Miranda n'était pas plus rassurée à regarder le sien.

Cela hurlait dans le café, les injures fusaient, des gens sortaient pour tenter d'essayer de capter quelque chose sur leur téléphone. Quand la technologie est prise de folie, l'homme aussi.

Et tout s'arréta...

Pendant quatre minute dix-sept, annonceront plus tard les flashs spéciaux d'information, Washington vécut un black-out total.

Et les gens reprirent le cours de leur vie, tandis que la communiqués de télévision parlaient d'un énorme panne des systèmes de contrôle informatique de la ville, suggérant l'événement d'Osaka, une semaine avant, sans plus de détails... et sans doutes parce que personne dans la presse n'en avait.

...

...

Isis, Jenny, Miranda et Darren rentrèrent vers 5 heures. La nuit tomberait plus tard, mais le jeune motard avait simplement peur... la nuit devenait son ennemie, et il savait que ses flammes ne faisaient pas que luire, elles brûlaient. Quand aux trois jeunes filles, la raison était plus pragmatiques, dans ce Washington enneigé. Il faisait froid, et décidément le manoir était bien tentant, doux, et chaud.

...

Il n'y avait plus de salle du cerebro. Seulement une brume obscure et bleue où défilent les corps et les visages, les silhouettes des rues et des maisons, dans un angle à 360 degrés, faisant perdre à tout observateur le sens du dessus, le sens du dessous, son équilibre, sa sensation même d'avoir encore un corps.

Cerebro est une immense machine qui digitalise ce que ressent et voit le télépathe capable de se projeter avec assez de concentration et de force à l'intérieur de ses circuits, et du réseau satellite crée des années avant par Xavier et Magneto, puis reconstruit par Charles Baxter, qui observe la terre, couvrant en permanence un cinquième du globe.
Pour celui qui a la force de l'employer, Cerebro est comme un immense radar à amplifier la télépathie, lui faire dépasser ses limites propres, et étendre son don à chercher et trouver à l'échelle d'un continent, ou presque.

Jessica cherchait la source, le point d'origine, quelque part au nord-est de la ville, vers la banlieue, peut-être les anciennes industries du réseau de transport routier. Et Jenny, Miranda, Isis et Darren regardait ce qui ne peut être vrai, même si après tout les hologrammes parviennent à créer cette impression d'autre monde. Là, ils ne voyaient pas un autre monde, ils voyaient ce que seul un télépathe pourrait voir, si son cerveau pouvait le supporter. Les âmes elles-même et le flot immense de leurs pensées, traçées sur des cartes virtuelles, filmées par des caméras loin au dessus d'eux, traduisant en images impensables ce qui ne peut être imaginé.

Et Jessica trouva le SHIELD. Des hummers de leurs eswat, fonçant à toute vitesse vers une ancienne gare de chargement autoroutier désaffectée. Et elle trouva la source. Une chose qui brillait dans l'ombre des âmes humaines comme un phare. Un mutant, quel qu'il soit, un soleil parmi les âmes, un enfant de l'humanité.

...

- Vous avez le choix, les enfants. Mais si je veux y aller, et si je vous demande de venir, c'est simple: Le SHIELD est en chasse, et ce qu'il chasse, ce n'est pas quelqu'un de différent de vous, non?

Darren regardait l'énorme Xbird, un avion à décollage vertical, sis dans le hangar au centre du bunker caché sous l'école.

- Mais on est où ici, c'est une école, c'est quoi? Vous faites quoi ici?

Jenny répondit, se plantant devant le jeune motard.

- Ecoutes. Il y a des années, ici, c'était la base des anciens Xmens, et c'est Jessica et Baxter qui l'ont recrée. Ils l'ont fait comme refuge, pour des gens comme toi, comme moi, comme tout les autres ici qui ont des ennuis jusque parce qu'ils sont différents. Et ce truc là, il vole pour aller cherche des gens comme toi, quand ils sont en danger. C'est ça, non?

Jessica se tourna vers la jeune métis.

- Oui, Jenny. Les Xmens ne sont plus, et je ne ferai pas de vous les soldats et les héros que mon père fit d'eux, même s'ils avaient choisi. Je ne peux pas perdre de temps, sinon, j'y aurais été avec Logan, et Bishop. Mais au nom de ce que vous êtes, venir nous aider, Darren, c'est un peu payer la dette d'avoir été aidé à votre tour.

Le motard regarda les deux autres filles. Miranda semblait pensive, mais n'avait pas une seconde hésité. Isis quand à elle présentait toujours ce visage fermé par l'ennui qui était son habituel masque. Qui, à part des télépathes, aurait pu dire ce qu'elle pensait.
Et Jenny, elle, avait ce genre de regard que l'on ne voit que rarement. Le regard de celle qui a déjà décidé et choisi depuis longtemps, depuis bien avant même de voir cet avion, bien avant même d'etre venu ici. Le regard de celle qui a déjà vécu ce qui est face à eux tous...

- Ok, je viens, il n'est pas dit que je n'en serai pas, j'espère que votre truc est ignifugé.
- Il l'est, retentit la voix de Charles-Robert, en tenue de pilote, qu'une personne avec assez de culture aurait put reconnaître comme une tenue de pilote de l'armée de l'air française. Il et ne fait pas que ça. En route, les jeunes, vous allez adorer!

...

Le Xbird semblait être sorti du même rêve improbable que Cerebro. Il avait décollé presque sans bruit de son hangar, situé sous la piscine du manoir, et les enfants avaient vite réalisé qu'il possédait un camouflage optique et radar tel que seuls le traçé de ses turbines pouvaient le trahir. A faible vitesse et faible altitude, il était moins voyant qu'un oiseau.

L'engin traça sa route au dessus de Washington, semblant se défier des radars et des détecteurs, tandis que dans son cockpit, quatre adolescents se demandaient ce qu'ils faisaient là, et si leur choix était réellement une bonne idée.
- Aucun risques d'être repérés, à moins de filer trop vite, ou trop haut, commenta Charles-Robert. Il suffit d'éviter les détecteurs courtes portée, bref, de ne pas tracer à travers la ville. Même Baxter ne peut pas promettre à cent pour cent que ce camouflage tienne le coup si on allait rendre visite au Pentagone.
- Mais c'est quoi cet engin?
- C'est quelque chose que personne ne peut en fait se payer, répondit le pilote qui avait perdu tout air de majordome et semblait s'amuser follement L'armée peut en faire de semblables, voire elle en a fait, et sûrement que d'autres pays ont non seulement les même, mais de quoi les détecter. C'est juste très, trop cher. C'est un avion à effet de magnéto-hydro-dynamique. A faible vitesse, il ne se pousse par avec ses réacteurs, il déplace un champ de force qui fait un vide devant lui, et qui l'aspire. Pas de bruit, pas de traînée, pas de frottement, on vole avec plus d'aisance que le dauphine ne nage. Et au cas où, il peut accélérer en quelques secondes sans frottement sur la coque. Mais les G sont toujours là.
- Non mais je veux dire, qui a payé ce truc?
- Baxter, Darren, reprit Jessica. Il vaut trois quart d'un milliard de dollars que je sache. Ca n'a rien d'impossible à construire, c'est juste très très cher.
- Mais pourquoi faire?
- Pour faire ce que plus personne ne peut ou ne veut faire. Sauver des gens. Et il nous l'a donné pour cela, si nous en avions besoin pour aller chercher quelqu'un, ou fuir, c'est tout.