[Aelyn - Lynea] Face à face

La lueur du feu dansait dans les pupilles de Lynea, couchée sur le sol, enroulée dans sa couverture. Malgré les soins de Youra, inspirer lui arrachait parfois quelques grimaces de douleur. La lame d'Amila lui avait donné un avant gout de ce qui allait se produire d'ici quelques mois, si elle ne remplissait pas sa mission, ou si la diplomate ne trouvait pas d'autre solution. Celle-ci veillait d'ailleurs à côté d'elle avec sa fille, sans doute plongée aussi dans ses remords.

Une ombre vint bientot s'approcher d'elles, pour dévoiler finalement le visage d'Aelyn. La voyageuse, emmitoufflée dans sa cape, toisa un instant le petit groupe avant de poser son regard sur sa "jumelle". Lynea tourna la tête vers elle, gardant sa couverture remontée jusque sur ses épaules. Toutes deux s'observèrent longuement, avant que la protégée d'Amila ne finisse par prendre la parole.

Que veux-tu Aelyn ? demanda-t-elle sur un ton presque résigné, comme si elle connaissait déjà la réponse.

Une légère pointe de colère se distinguait dans la voix de l'interpellée.

Savoir combien de fois encore tu essaieras... Combien de fois essaieras-tu de me tuer... De prendre ma place...

Lynea détourna le regard, fixant les ombres projettées par le feu de camp.

Je n'ai pas voulu ce qui s'est passé aujourd'hui... Et... Je n'ai pas envie d'en parler... se contenta-t-elle de répondre, d'un ton las.

Une réponse qui eut pour effet d'échauffer légèrement la voyageuse, qui reprit sur un ton plus sec.

Ca aurait bien arrangé tes petites affaires pourtant !

La jeune femme ne semblait pas vouloir répondre, et se contenta de se retourner sur sa couche en grimacant, serrant cependant les dents, ses mains agrippant les pans de sa couverture, fortement.

Et d'une fois pris ma place, tu aurais pu te livrer tranquillement à tes petites manigances !

Sur ces mots, Lynea se redressa à genoux sur sa couche, d'un geste vif, semblant avoir totalement oublié la douleur que ce mouvement venait de lui causer, dardant sur sa "jumelle" un regard emplis de colère.

Mes petites affaires ?! Mes petites manigances ?!

Aelyn ne parut pas surprise de la réaction, et allait rétorquer avant qu'elle ne soit interrompue.

Parce que tu crois que ca m'amuse ?! Vraiment ?! Tu sais, j'ai appris une chose depuis que j'ai été découverte... C'est que jamais je ne serais toi !

Le ton semblait monter peu à peu, si bien qu'elle ne semblait plus se soucier de savoir si le reste du campement l'entendait ou non, au fur et à mesure qu'une boule semblait se nouer dans la gorge de Lynea.

Non je ne serais jamais toi ! Même si nous sommes pareilles ! Même si nous ressentons la même chose ! Sauf que toi... Toi tu... Tu n'es pas un monstre à leurs yeux ! On ne te regarde pas avec méfiance, avec crainte ! Tu n'as pas à affronter les regards d'Ysomir, Fonyle... Celui de Melearys ou d'Amoura !

La jeune femme tenta de se lever, mais la douleur la rappela à l'ordre, alors que les premières larmes dûes à la frustration et la colère perlaient au coin de ses yeux.

Je les aime moi aussi ! Comme toi ! Et je veux vivre ! Comme toi ! Sauf qu'on ne m'en laisse pas le choix, je suis destinée à mourir Aelyn ! Et pire encore, à mourir avec le poids de leurs regards comme seuls souvenirs ! Et quand bien même je survivais en te tuant, qu'y gagnerai-je ? Ma survie oui ! Mais en étant haï de tous ceux qui comptent pour moi !

Les larmes roulaient maintenant sur ses joues, sans qu'elle n'y prête attention.

J'ai tenté de te tuer oui ! Mais pas aujourd'hui ! Et à ma place, qu'aurais-tu fait ?!

Aelyn ne répondit rien, un simple mouvement de menton vers le bas accueillit ces mots, alors que son regard quittait sa "jumelle". Celle-ci attendit un instant avant de reprendre.

Alors ne te permets pas de me juger ainsi ! Je ne désire rien de plus que ce à quoi tu as droit ! Ce à quoi vous avez TOUS droit ! Maintenant laisse moi, si tu n'as que du venin à me cracher au visage !

Lynea se laissa retomber sur sa couche, enveloppée dans sa couverture, alors que la douleur se rappelait à son bon souvenir, venant lui arracher un gémissement. Aelyn resta immobile, observant cette silhouette aux gestes si familiers.

Depuis la fin de l'affrontement contre Melkia, depuis que celui-ci était définitivement mort, Eïm n'avait pas quitté la selle de son cheval. Il avait arpenté le village, son regard scrutant les ruines et ce qu'il restait des morts. Il avait ressenti la fin de Melkia au travers du lien et avait vécu cette mort sereinement malgré une pointe de douleur. Leur compagnon était mort comme il avait vécu - indécis - et ça l'avait tué. Ainsi vont les choix ou les non-choix de chacun. Un léger sourire naquit brièvement aux coins des lèvres du voyageur.

Ses compagnons avaient mené un combat à la hauteur de leurs regrets, de leurs remords, de leur foi, de leur amour et de leur haine pour Melkia. Eïm n'ayant pas ressenti tout cela. Il avait fait un choix, celui de suivre et de protéger ses compagnons.

Lorsqu'il entendit l'altercation entre les deux sœurs, il les regarda simplement assis à l'écart, seul et toujours attentif. La haine du hurleur pour Aelyn avait été transcendée au travers du lien de la compagnie plongeant plusieurs dans cette haine viscérale ce qui faillit couter la vie de la petite. Et Lynea a eu la malchance d'y succomber ce qui avait redonné foi à la méfiance et au dégout parmi la compagnie et surtout chez Aelyn qui voyait, à tort ou à raison, en sa jumelle sa Némésis qui ne veut qu'une chose à ses yeux - prendre sa place.

Mais après les mots de Lynea, Aelyn réalisait que sa jumelle vivait la pire des malédictions qui soit - n'être qu'une chose sans existence propre, tout juste un simulacre de vie aussi parfait soit-il. N'avoir rien à soi. N'être qu'un... sujet. Le voyageur comprenait que trop bien ce sentiment et il ne pouvait qu'apporter un peu de confiance et de réconfort à Lynea en espérant qu'Aelyn et les autres membres de la compagnie fassent de même.

Eïm souffla à Lynea

"Peu savent ce que c'est que n'être qu'une chose sans existence propre. Je connais ce sentiment pour l'avoir vécu pendant longtemps. Ils ne comprennent pas, il ne peuvent pas... tout juste l'appréhender mais rien de plus. Mais chacun à leur manière essayeront de te donner une vie, une existence propre, celle auquel tu as le droit. Pour moi tu n'es pas la copie d'Aelyn, tu es une personne à part entière et sache que je t'aiderai à trouver ta place et que simplement je serai toujours là pour toi, ma petite fille."

Le voyageur glissa son regard vers Aelyn qui semblait réaliser dans quelle situation se trouvait sa jumelle, il lui dit

"Ma petite Aelyn...Que tu en aies peur, que tu l'as déteste, que parfois tu aimerais la voir disparaitre, tu comprends maintenant ce qu'elle est et vit à chaque instant... une non-vie et pour l'instant les seules choix qu'elle puisse faire ce n'est pas pour elle mais pour nous, car elle nous aime comme toi tu nous aimes. Tout en essayant, de créer sa propre vie sans encore vraiment y arriver. Tout ce que tu ressens envers elle est justifié mais pense au choix que tu pourrais faire pour elle - lui donner un peu plus que son simulacre de vie en lui offrant une chose qui est naturelle pour tous : une identité propre et unique... une personne à part entière. Le choix est simple mais il reste toujours difficile à faire."

Eïm se tut reprenant son tour de garde tout en gardant comme toujours un regard sur les personnes présentes.


(Note : les dialogues en vert olive n'est audible que part l'intéressé(e))

Amila avait laissé l'altercation aller jusqu'à son dénouement, même avec Lynea bougeant au risque de rouvrir sa blessure.
Il y avait des mots qui devaient sortir, pour alléger le poids du silence.

Eïm la surprit. Un court instant, cependant. Le voyageur avait pour son amie une affection immense, et il avait assez de sagesse pour savoir que l'une ne méritait pas moins l'amour que l'autre.

Tethys rouvrit, non loin, les yeux, pour regarder les deux jumelles qu'elle voyait, elle, comme des sœurs. Même visage, même voix, même odeur, mais deux personnes distinctes. Que leur histoire et leur existence ne soit en rien du à la nature ne la concernait pas, pour la jeune Orpheline, elles étaient toutes les deux obligées d'être proches, et jamais semblables.

Amila parla, à son tour, d'une voix douce, tandis qu'elle aidait Lynea à s'installer plus confortablement:

- Avoir peur, l'une, et l'autre, ne vous aidera jamais. La peur ne mène qu'à une seule route: la mort.
Lynea repartira avec moi, demain. La route est longue pour lui donner le droit d'être elle-même, et de vivre en faisant ses propres choix, et non de devoir survivre héritière d'un passé et d'une vie qui font ce qu'elle est, et pourtant ne lui appartiennent pas. Mais, tu vois, Aelyn, la jeune fille qui pleurait ses parents et sa vie, et que j'ai serrée dans mes bras en lui promettant ma présence et mon aide, touchée par sa détresse... cela aurait pu être toi.

Vous partagez les mêmes chagrins, les mêmes amours, les mêmes désillusions, comme le feraient deux personnes proches ayant suivis le même chemin. La seule différence est que pour vous, c'est un seul chemin, qui fait de vous des êtres tellement semblables que vous ne pouvez pas vous supporter. Comment le faire, quand je vois Lynea manquer de pleurer quand elle regarde Amoura qu'elle n'aura jamais plus le droit d'aimer, ce droit qui lui semble aussi naturel qu'à toi.

J'ai croisé la route de Lynea par hasard, et désormais, je voudrais qu'elle suive la mienne, pour que nous trouvions ensemble sa propre route. Qu'elle ait ses amis, ses amours, ses choix, ses espoirs, sa vie. Que de jumelles ennemis, vous soyez un jour sœurs qui peuvent dire à l'autre ce qu'elles ont connu et fait, leur histoire propre.

Il reste peu de temps, je voudrais que ce temps lui serve à essayer de se sauver, et de vous prouver, aussi, qu'elle n'existe pas pour servir les buts de la chose qui lui a donné naissance.
Un pied de nez au destin. Voilà ce que j'espère faire.

Alors, Aelyn, tu peux décider que tu la détestes et que jamais tu n'auras confiance, et personne ne peut te convaincre du contraire. Mais je te l'ai dis, si tu n'as pas confiance en elle, ait confiance en moi.

Et quand à moi, j'aime Lynea, et cet amour me parait suffisant pour faire tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'elle puisse un jour être elle-même. Et ceci prendra du temps. Je l'aime assez pour essayer de lui offrir une vie.


Puis, regardant Lynea.

- Ho, bien sûr, j'ai besoin de ton aide, tu es douée dans des choses qui me sont étrangères et que je n'aime pas. Mais je ne te demande rien, mon enfant. C'est à toi de décider ce que tu veux faire, je t'ai ouvert ma porte, et ma maison, et c'était sans prix et sans condition, et cela restera ainsi. Ce sont mes sentiments qui en ont décidé ainsi, même si la logique voulait que t'accueillir chez moi soit le mieux à faire pour tous. Avant cette logique, il y a mon cœur, et cette petite fille pleurant sur une vie cruelle, et que j'ai serré dans mes bras, et que je ne laisserai jamais au bord du chemin. Car je ne pourrai plus me regarder en face...

Demain nous serons chez moi. Dans une semaine, je disparaitrai, et tu seras en route pour Onyr. Je t'y rejoindrai, et nous trouverons ce qui te manque tant: ton droit à la vie.
Je te le promets, Lynea...

Seul sur sa couche, à quelques mètres de là, Claciuss Néssène observait la scène, un très léger sourire en coin, comme ravi de voir la Dame d'Argent encadrer de la sorte Lynea. Un bref instant, il se départit de son air de bouffon pour ne laisser transparaître qu'une sorte de mélancolie étrangère aux membres de la compagnie. Puis, comme rappelé à l'ordre par sa propre conduite, il lança en direction des deux amies :

- On ne choisit pas comment on vient au monde, et très rarement comment on le quitte... En revanche, on peut choisir comment mener sa propre existence. Ce que la Dame d'Argent souligne avec une telle finesse est vrai. Votre soeur a mérité la vie qu'elle mène actuellement. Vous ne pourrez vous l'approprier et ce, malgré vos sentiments, vos expériences et vos espoirs car Aelyn occupe déjà cette place. Celui qui vous a fait, vous a fait pour une chose bien précise. Et une fois la besogne exécutée, il se débarrassera de vous, comme l'on jette quelques fleurs fanées. Ne vous y trompez pas Dame Lynéa, vous n'êtes qu'un pion sur un échiquier... Certes, quelques fois le pion suffit à faire basculer la partie, mais je ne pense pas que vous ayez cette prétention. Vous désirez survivre ? Soit... Vous désirez vivre ? N'y comptez pas ! La magie mis en oeuvre pour vous faire "naître" est puissante et l'emprise de l'ombre sur vous, palpable. Vous désirez survivre ? Certes... Vous désirez vivre ? Traversez l'échiquier !

Le mage se relève alors avançant doucement, à la manière d'un pion en direction de Lynea.

- Tout être sur Kor a une place et vous n'avez pas la votre. Oh, ce n'est pas de la faute à la compagnie... Ni de la votre d'ailleurs. Votre existence est fragile, versatile et les forces qui vous permettent d'exister s'érodent encore et encore, ne laissant derrière elles que le souvenir de votre passage fugace dans l'existence que vous auriez dû mener. Car ce qu'il faut savoir, c'est que les contes et légendes, les êtres qui vous sont si chers, l'histoire elle même ne retiendra qu'un nom : Aelyn Dimoren, fille de Bomeron votre père.

Les pics et les regards acerbes que je sens poindre -ajoute-t-il en passant près de Melearys- ne font que donner plus de poids à ce que j'avance. Vous êtes une engeance de l'Ombre et la naissance chez certains, est un argument conséquent sur le devenir de toute personne. Vous êtes née du changement, de l'Ombre, de la Fatalité, de cette magie sale qui coule dans vos veines, vous resterez à jamais le fruit de vos origines !

A ces mots, la Combattante se relève d'un bond, fixant un instant le mage, resserrant les poings, les yeux amplis de rage. Un instant d'interdiction l'empêche alors de relancer le débat avec Claciuss. Elle lance un regard à Lynéa et détourne la tête aussi rapidement et se rassied.

A présent debout face à Lynéa, Claciuss la regarde un instant, le regard grave et pourtant ampli d'une compassion étrange.

- Vous êtes et resterez une étrangère parmi les vôtres car la partie pour vous est sur le point de s'achever alors qu'en réalité, elle ne fait que commencer.

Puis sans rien ajouter, comme pour conclure sur une note comique, il s'en retourne vers sa couche, marchant de côté en fredonnant sur un air que les Voyageurs reconnaissent comme étant Kalishite :

- N'est fou que celui qui prétend qui ne l'est pas ! Demain est un jour de moins mais un jour nouveau !

*assise par terre, yùna observe son colifichet constitué de diverses dents, trophées de batailles passées, sur lequel vient de se greffer une canine de melkia. elle écoute les interventions en fumant...
pendant le combat, elle s'était forcée à ne se concentrer que sur son adversaire, puis sur le fait d'arrêter melearys, puis sur les, hum, tracasseries protocolaires. elle ne s'était pas trop posé de questions sur la situation particulière des 2 aelyn. surtout qu'elle avait l'esprit très occupé par ses projets d'avenir pour griff et pour ces terres. maintenant que les filles s'engueulaient, et que certains exprimaient leur opinion, elle réfléchit à la situation...
et ne compris pas tout ce bruit. ce qui est difficile dans ce genre de situation, c'est que tout le monde a raison. mais c'était les points que soulevaient klassius qui lui semblaient les plus importants. elle ne pu s'empêcher d'ailleurs de hocher la tête à certaines de ses phrases.
on peut pas vraiment dire que la situation était simple. mais tout est simplifiable.
une vie, un fil, puis une intersection dont sort 2 fils. mais l'un d'eux a une longueur bien définie, et elle est beaucoup trop courte. pourquoi crier, pleurer et se faire autant de soucis sur leur individualité? l'une d'elle va mourir dans très peu de temps, et elle dépense toute son énergie à pleurnicher parce qu'on la traite comme une jumelle maléfique de notre amie.
yùna regarde un instant dans le lointain, un petit sourire, et s'imagine lui dire quelque chose qui sonnerait comme:"commence par sauver ta peau avant les questions existentielles, parce que si tu dois mourir dans quelques mois, essaie plutôt de profiter de la vie...".
elle rebaisse les yeux, observe les gens et préfère se la fermer. si c'est pour passer pour le monstre sans coeur, hein... pourtant c'est sensé, non?
elle opte tout de même pour une question, d'un ton qu'elle s'applique à rendre compatissant.

-lynea, as-tu une idée de quel genre de moyen tu pourrais utiliser pour survivre?

Lynea semblait ne pas avoir entendu de suite la question de Yuna, à laquelle Amila serait d'ailleurs plus apte a répondre, encore en train d'encaisser le choc des paroles de Claciuss. La colère et le désespoir se lisait sur son visage, alors qu'elle vint chercher le regard d'Amila, après s'être rendu compte que Melearys avait détourné le sien. Son regard se posa sur le mage sombre, qu'elle détaillait avec une haine qu'on avait rarement vu sur son visage, ou celui d'Aelyn. Quelque chose semblait monter en elle plus elle le regardait.

Aelyn se tourna elle aussi vers le mage, froncant légèrement les sourcils, avant de s'adresser à lui sur un ton légèrement méprisant.

Vous savez Claciuss... Adelkan m'a appris une chose lors de sa dernière visite... C'est que ce genre de tirades ne sont jamais gratuites de la part de gens comme vous et lui... Qu'est-ce que vous espérez de celle-ci ? Qu'attendez vous des réactions qu'elle aura suite à ca ?

Relevant la tête alors qu'il s'était assis, Claciuss jette un regard amusé en direction d'Aelyn. Il reste un instant silencieux, ne se départissant pas de son sourire malin et ajoute d'une voix calme et sûre :

- Qui vous dit, ma très chère Aelyn, que j'attends une réaction de sa part ? De plus, si vous même ne mettez pas le doigt sur ce que je pourrais vouloir, c'est peut-être que, tout simplement, je ne veux rien de particulier. Votre méfiance envers les... "gens de mon espèce" est compréhensible, mais fait de vous de quelqu'un de facilement manipulable pour celui qui sait dans quel sens vous brosser le poil. En réalité je m'évertuais simplement à présenter les choses selon mon point de vue, dissertant de cela à partir de l'opinion de la Dame d'Argent et rien de plus.

Il lance un sourire taquin à l'intention de la Voyageuse, la fixant toujours en attendant visiblement une réponse.

Aelyn semble visiblement décidée à ne pas se laisser démonter par les tirades du mage, et reprends de plus belle.

Effectivement... Peut-être bien que vous me brossez dans le sens du poil comme vous dite, ou que vous tentez d'une manière détournée de revenr à une négociation concernant les informations que vous attendez de nous... Il vous serait facile, une fois tout le monde sur les nerfs, de proposer une solution pour Lynea, en échange de ces informations, vu que vous ne les avez pas eue autrement... Ou en effet, vous avez simplement trouvé amusant de ruiner les espoirs de quelqu'un pour le simple fait de passer une bonne nuit à vous auto-congratuler de votre sens de la répartie.

Elle tourne un instant la tête vers Lynea, qui semblait visiblement chercher des yeux un quelconque soutien chez la Dame d'Argent.

Mais vous nous l'avez montré tellement de fois... Rien.. Rien n'est gratuit chez vous... Pas même vos marques d'humour sur votre soi-disant si longue vie... Vous noyez le poisson, rien de plus... Mais n'oubliez pas une chose... Nous serons bientot hors de Kali, votre présence parmi nous ne sera donc plus requise... Alors si vous voulez ces informations, pour une fois, il faudra peut-être que vous pensiez vous-même à venir les demander... Avoir le mauvais rôle pour une fois.

- Suffit vous deux!

Amila avait crié, et dans sa voix venait de naitre tout le talent que la diplomate comptait de formation militaire.. et pour qui eut su passer le masque de ses émotions apparentes, qu'elle gardait quoi qu'il arrive en face à face, il aurait pu sentir la colère sombre qui se lovait derrière cette voix, comme une menace.

- Aelyn! Je vous entend encore une fois parler de marchandage en mettant quoi que ce soit dans la balance de votre marchandage puérile qui appartienne à votre jumelle, et je m'arrangerai pour que vous vous souveniez de ce que veut dire le mot "avoir des ennuis"... Ho, et ne vous en faites pas, ce n'est pas une menace sur votre vie ou vos biens... juste sur votre tranquillité que vous souhaitez tant retrouver et que vous vous EVERTUEZ à fuir, à cracher, et à vomir!

Quand à vous Classius, nous nous sommes tout dit, je ne me suis jamais trompé sur votre compte, ni vous sur le mien. Alors un mot de plus pour blesser Lynea, mais, je suis sûr que vous n'en avez jamais eu l'idée, n'est-ce pas?... et je vous promets clairement des ennuis où je crois que j'aurais beaucoup moins de scrupules concernant votre intégrité physique.

Et vous deux...
Avez-vous donc une once de conscience de la fange dans laquelle vous nagez?! Et je ne parle ni du lieu, ni du moment, mais de celle au fond de laquelle se noie tranquillement ce monde pendant que vous réglez vos comptes d'enfantillages! Adulte contre millénaire? Vous n'avez pas plus de jugeote l'un que l'autre! Parce que, messire Classius, il faudrait être benêt pour ne pas savoir lire derrière vos mots... mais attardé pour ne pas savoir que ces mots avaient comme premier lieu que de PROVOQUER LA DOULEUR!!

Pas le doute... pas la remise en question... ça... vous êtes fort doué à ce talent. Mais la souffrance, par esprit de gratuité. Et vous pourrez me dire que rien ne venant de vous n'est gratuit, je l'affirmerai: souffrir est un prix particulièrement confortable à votre aise, tout autant que des services ou des richesses. Vous êtes un poison. Les poisons sont utiles... mais on a jamais vu quelqu'un les apprécier pour eux-même.

Ce que vous savez, Classius?... Je m'en moque éperdument. Car soyons lucide, soit c'est sans importance, et vous remets à votre juste place, celle d'un homme qui a juste besoin de trouver le moyen d'être indispensable à cette compagnie afin de servir ses buts propres, soit cela en a, mais votre sagesse millénaire vous confère le droit de décider que personne ici n'en saura rien sans devoir se plier à vos conditions. Et il faudrait être fou pour s'y plier, ce qui doit vous ravir, c'est si logique pour vous.
Si vous voulez marchander, prenez un marchandeur, et pas cette enfant qui vous hait, et elle a bien raison, mais qui n'a pas plus de jugeote qu'un chiot, et avec qui vous jouez avec beaucoup trop de liberté à mon goût.

Amila se tourna vers Aelyn, tandis qu'elle se baissait vers sa jumelle.

- Alors l'un et l'autre, allez aboyer plus loin, ou cessez de vous parler, car c'est inutile. La Compagnie a un travail grave à faire, des décisions à prendre, un voyage à mener. Votre intelligence à vous tous est votre meilleur arme, votre raison d'être toujours en vie, et de suivre votre destin. Quand à Lynea, rappelez-vous bien qu'elle, à la différence de chacun de vous, n'a jamais choisie ce qu'elle est devenue. Et que plutôt que finir son travail, tuer l'une de nous, servir son créateur, elle a préféré risquer de perdre tout ce qui lui importait, tout ce qu'elle avait dans ses mains et son cœur, pour chacun d'entre vous! Pour Chacun d'Entre Vous!
A moi maintenant de lui rendre un peu de sa vie propre, en échange du sacrifice qu'elle a consenti... celui de ne pas te tuer, Aelyn...
Mais en fait, vous l'avez tous oublié... celui de ne faire aucun mal à aucun de vous.

Amila offrit un sourire à Lynea, un sourire qui laissa trahir pendant un instant tout l'instinct maternel dont était capable la voyageuse de salon.

- Je me tiendrais à votre disposition à tous jusqu'à l'aube si vous désirez me parler. Mais maintenant, laissez dormir Lynea. Elle a payé cher d'être venue accomplir son devoir, aussi cher que chacun d'entre vous.

Lynea attrapa l'une des mains de la voyageuse, la serrant dans la sienne. Le regard d'Amila semblait avoir eu un effet des plus apaisant pour la jeune femme, qui semblait se calmer peu à peu.

Aelyn quant à elle, semblait totalement décontenancée par la montée de ton de la diplomate, elle dévisagea Amila longuement pendant sa tirade, finissant par détourner le regard, un peu honteuse.

Je... ne comptais pas marchander quoi que ce soit... concernant Lynea... Je voulais seulement...

Les épaules de la voyageuse s'affaissent légèrement dans un soupire confus.

Amila fixa la jeune femme déboussolée, un instant.
Quand elle reprit, sa voix était à nouveau calme et claire, comme si à aucun moment elle n'avait laissé transparaitre une once de colère.

- Nous en reparlerons en privé, Aelyn, si vous le désirez. Pour le moment, je voudrais que Lynea puisse s'endormir tranquillement.

Le voyageur avait écouté la discussion avec intérêt, un sourire naissant sur son visage puis un léger soupir à la réplique de la voyageuse de salon qui n'avait visiblement pas compris Aelyn.

"Aelyn voulait simplement défendre sa famille par ses mots, et Lynea qui a été blessée. Il est dommage que tous n'est pas compris cela"

Eïm reporta son attention sur la voyageuse de salon

"Tu es une diplomate de grand talent, tu connais les mots et sais les utiliser... mais ici tu n'a été qu'une mère protectrice qui a peur pour ses enfants... Tu perds tout calme lorsque l'on touche à eux et tu ne vois que cela la douleur qu'on leur inflige sans voir ce qui est derrière les mots. Tu as voulu montrer la véritable nature de Classius mais tu n'as fait que blesser Aelyn qui avait la force de lutter contre lui, avec ses mots qui peuvent te sembler maladroits ou inappropriés. Et tu as agi comme elle à la différence que tu as l'expérience et le poids de ton pouvoir de diplomate... brisant la confiance d'Aelyn pour son acte protecteur envers sa jumelle. Regarde qui nous sommes, ce que nous faisons mais surtout d'où nous venons... et comment nous apprenons. Par tes mots tu donnes de l'importance à Classius c'est ce qu'il attendait par son jeu. Je te demande de mieux réfléchir à l'avenir aux conséquences de tes mots, toi qui en connais la puissance et l'impact. Tu n'as soulagé que ta part de mère et rien d'autre."


(Note : la couleur olive indique que seule l'interlocutrice ciblée entend^^)

Amila se consacra un moment à vérifier que Lynea était bien installé.

- Dors, maintenant. Demain, nous serons de retour chez moi.

La voyageuse de salon regarda Eïm, et hocha la tête, sans rien dire. Puis un moment après, elle regarda Aelyn.

- J'ai trop peu de temps pour t'apprendre ce que tu dois savoir. Si tu le désire, cette nuit, je pourrai répondre à tes questions, avant que je ne reparte.

Tout d'abord interloqué par la réponse franche d'Amila, Claciuss affichait un sourire croissant tout au long de la plaidoirie de la Voyageuse visiblement amusé par la verve de la femme. Attendant que celle-ci termine il reprend alors comme pour faire une mise au point :

- Soyons clairs sur certaines choses. Dame Lynéa, mes propos n'étaient pas là pour vous blesser mais j'ai l'habitude de dire franchement les choses et de, vous m'excuserez ou non, donner mon avis même si celui-ci n'est point requis. Maintenant en ce qui concerne un marchandage concernant une "vie" plus "normale" pour Dame Lynéa, je ne suis malheureusement pas en mesure de le négocier, chose que j'aurais déjà tenter de faire, vous penser bien. La seule personne qui ait une emprise telle sur vous, mon enfant, c'est celui qui vous a créée. Personne d'autre... -le ton semble ferme et d'une grande assurance-

Il se retourne vers Dame Amila ne se départissant pas de ce sourire qui illumine littéralement ses traits.

- Dame Amila, vous maniez notre langue avec la même verve que votre humble serviteur. Et si je dis serviteur c'est bien car mes talents ont été requis par l'une d'entre vous. J'ai déjà, par le passé, aidé la compagnie, certes contre quelques rémunérations, mais ne me suis que très rarement imposé. Cette verve dont je parlais précédemment sert probablement de nobles intérêts et le bien fondé de votre agacement quant à l'influence néfaste que je pourrais avoir envers vos "enfants" n'est pas à remettre en question. Malgré tout je tiens à m'excuser si vous avez pris ma petite intervention pour une tentative, que j'espère vaine, de les faire souffrir. Ô par Moryagorn, mes intentions étaient toutes autres et, peut-être que le temps aidant, vous finirez par les comprendre. Surtout que les jugements à l'emporte pièce ne vous conviennent guère. Vous êtes une diplomate, une Dame comme Kor aurait souhaité en porter plus. Votre bonté et votre générosité envers votre peuple n'est déjà plus une légende mais bel et bien un fait historique. Cependant, et prenez ceci comme vous le souhaiterez, votre hargne et votre colère envers ceux qui touchent aux vôtres causera votre perte. Quant à mon intégrité physique, je ne doute pas une seule seconde que vous tenteriez, si nous étions hors de Kali, de l'altérer probablement à l'aide d'une des multiples dagues qui bardent de manière fort élégante votre corps et vous n'auriez, sans nul doute, aucun problème à vous défaire de moi. Et c'est précisément là que réside tout le problème ! Pourrais-je vous rappeler que je suis ici afin de protéger vos songes d'un être capable d'écraser la conscience de Dame Aelyn comme le Seigneur Dragon Brorne écraserait un moucheron ? Ma disparition, tout du moins dans les terres sombres, pourrait signifier la mort d'Aelyn ou d'Amura et qui sait, peut-être la mort de l'un de vos autres compagnons...

Aux vues de cette réaction très... maternelle, je pense que vous ne prendriez pas ce risque. Car même si cela ne concerne peut-être pas directement ma vie mais juste quelques fonctions motrices, vous n'êtes, je l'espère, pas sans ignorer que j'ai besoin d'être en pleine possession de mes moyens afin de lutter contre cette... chose. Donc évitons les menaces inutiles voulez-vous bien ?

Il se retourne une nouvelle fois vers Aelyn.

- Et une toute dernière chose avant que je ne me taise et vous laisse profiter d'une nuit de sommeil bien méritée. Je n'ai nul besoin de m'auto-congratuler pour obtenir une satisfaction, ou même de me repaître de la souffrance d'autrui. Le simple fait que, malgré la haine que vous semblez nourrir contre moi, vous m'ayez contacté pour vous venir en aide, me suffit amplement comme satisfaction.

Il s'incline dans une petite révérence qui aurait pu être aimable si elle n'avait été faite par Claciuss et se remet en tailleur méditant visiblement.

D'une voix basse, pour ne pas brusquer Lynea, qu'elle espérait voir s'endormir, et veillait du regard et du geste:

- J'ai la nuit pour être à votre disposition si vous voulez discuter réellement, Classius.

*yùna écoute la discussion et tente d'apprécier les arguments, de jauger les rôles. elle n'y a pas sa place, son rôle habituel dans ce genre de joute étant tenu pour l'occasion par classius... comme souvent dans la compagnie, le ton s'échauffait très vite, les gens se comprenaient mal, et chacun tentait de donner des explications. et comme souvent, ça allait trop loin sans prendre la peine de se poser les bonnes questions, mais lorsqu'elle-même prenait la peine de les énoncer à haute voix. quoique là, ça faisait longtemps, ça lui avait presque manqué, tiens...
à la fin de la discussion, elle regarde encore un instant classius. qui lui paraît parfois bien sympathique, comme souvent les mages de l'ombre, le genre qui lui rappelle un peu karshan... et parfois elle a une forte envie de lui coller des baffes. en fait chaque fois qu'il faut avoir des discussions sérieuses avec lui. parce que c'est impossible, parce qu'il ne se départit jamais de son rôle de mage fataliste, celui-avec-le-sourire-en-coin. mais elle se sent en jambe pour essayer encore une fois.
toujours confortablement installée, elle tente de capter le regard du mage.

Le Mage de l'Ombre jette un coup d'oeil en direction d'Amila, lâchant simplement un :

- Dans la soirée, avant que je ne veille pour assurer la sécurité de vos amis.

Puis faisant un tour d'horizon, il fixe un instant Yuna, son air de bouffon suffisant soudainement bien loin au profit d'une sorte de mélancolie mais semble une nouvelle fois se ressaisir et lui lance un sourire qui se voudrait charmeur.

*yùna répond au sourire, se lève et vient s'installer près de lui. elle ne parle pas trop fort pour ne pas déranger ceux qui veulent se reposer, et sa voix est douce et empreinte de sincérité.

il y a une chose qui me turlupine avec toi depuis le tout début, j'aimerais savoir pourquoi tu t'intéresses à nous?

*elle semble vouloir continuer, mais préfère s'en tenir à quelque chose de simple, à la fois plus ouvert mais plus direct. elle se demande quelle pirouette il va choisir cette fois-ci... où s'il va enfin arrêter un peu.

Le mage observe une nouvelle fois toute la compagnie... A moitié dans ses pensées, il finit par répondre :

- Vous êtes des personnes hors du commun. Vous avez fait de grandes choses et vous continuez, malgré les embûches, les coups du sort et toutes ces responsabilités qui semble briser votre moral. Vous êtes une famille recomposée avec ses forces et ses faiblesses... Vous avez suscité l'attention de beaucoup de grands de ce monde. Beaucoup d'entre eux préfèrent vous observer de loin, je préfère l'implication directe. J'aimerai vous comprendre, apprendre à déterminer vos places respectives dans votre groupe. Une sorte d'étude sociologique si je puis dire.

Le mage lance un petit sourire

- Mais ce qui m'intrigue le plus, c'est jusqu'où irez-vous pour vos idéaux? J'ai vu Caron pactiser avec l'Ombre, Youra douter du bien fondé de ses maîtres pour apprendre quelques informations pouvant la mener à son passé. J'ai vu Eïm changer de rôle comme un contre-poids pour faire en sorte de garder la stabilité dans la Compagnie. J'ai entendu dire que Melearys avait menti sciemment aux siens pour rapporter une épée de légende à son peuple. Et vous Dame Yuna, jusqu'où irez-vous pour vos propres buts ? Quels sacrifices consentirez-vous ? Quels idéaux abandonnerez-vous ?

Se relevant alors que Yuna s'approche de Claciuss, Melearys rejoint sa soeur, s'approchant d'elle doucement. Elle pose une main réconfortante sur l'épaule de la Voyageuse, attendant une réaction de sa part.

*yùna ne répond pas tout de suite, essayant de réfléchir à la question que classius lui posait. elle finit par répondre, posément.

chaque "objectif"... chaque victoire a un prix, parfois c'est des broutilles, parfois c'est du très lourd... j'avancerai jusqu'à ce que je trouve que c'est trop cher pour moi.
je sais, c'est facile comme réponse, mais j'essaie de refaire mes choix à chaque occasion.

et toi? jusqu'où iras-tu avec nous?

*elle scrute le mage avec intérêt. à nouveau, elle ne précise pas ce qu'elle attend, c'est bien plus révélateur.

Amila se faisait observatrice. Pour qui n'aurait pas entendu les mots de Classius, ne pas voir à quel point elle pouvait être maternelle serait digne de l'aveuglement. Elle était assise, aussi confortablement que possible, près de Lynea, tandis que de son autre coté, Lune était venue se lover contre son dos, servant de soutient, et Tethys avait suivi sa sœur tigresse pour venir se blottir contre l'animal douillet, assez proche pour que sa tête frôle les cuisses de sa mère, qui avait posé une main sur sa joue.

Et si la petite fille adoptée par sa fille avait hésité, elle l'avait simplement invité, à la suite de Thetys, et avait retiré son grand mantel pour le lui laisser en couverture, apparaissant vêtue de sa tenue cintrée et ajustée de cuir noir, bardé de sangles, de boucles et de poignards innombrables. Étrangement, pour elle, cette nuit, sorte de parenthèse dans sa vie politique de plus en plus dangereuse et menaçante, là bas, loin dans les Marches, était presque un moment de repos, de soulagement, même avec les terribles conséquences d'une bataille acharnée...

Car ici, tout les regards autour d'elles étaient ceux d'amis, et aucun poignard dans l'obscurité ne surgirait venu d'on ne sait où, ni aucun nobliaux ne pourrait venir, chargé de mots venimeux, et de guerres qui ne disent pas leur nom.
Dans le lieu le plus inamical de Kor, elle était entourée d'amis....

Lynea avait refermé les yeux, légèrement recroquevillée, enroulée dans sa couverture, face à Amila. Elle était restée quelques instant a serrer les dents, attendant que la douleur se calme, se faisant sourde à ce qui se disait autours d'elle. La jeune femme avait décidé de faire confiance à la diplomate, et elle s'y tiendrait, tant qu'elle le pourrait...

Aelyn avait reculé de quelques pas après l'altercation, sous les paroles de la Dame d'Argent, et était demeuré silencieuse ensuite. Elle se tourna vers la combattante quand sa main se posa sur son épaule, puis vint se blottir contre elle, l'étreignant doucement en regardant la silhouette emmitoufflée de sa jumelle. Dans un murmure, elle souffla à la combattante.

Qu'est-ce que... tu en penses... toi ?

Claciuss observa un moment de silence, comme pour réfléchir à la meilleure manière de répondre à la combattante.

- Jusqu'où irai-je ? Aussi loin qu'il le faut... Comme le maître du temps le dit : Chacun a une place ici. Le tout est de la trouver et d'y demeurer aussi longtemps que possible même si celle-ci vous déplaît fortement. Contrairement à beaucoup, je n'ai rien de valeur à perdre excepté quelques... amis... et ma vie bien entendu. On apprend à se départir des choses d'importance lorsque l'on arpente l'Ombre. Non pas que mon être ne les réclament pas ardemment, mais il est plus sage selon moi d'agir ainsi.

Le mage était resté d'un sérieux étonnant durant tout son discours, laissant son regard courir sur les membres de la compagnie présents avec cette mélancolie qui semblait le poursuivre de plus en plus fréquemment.

De son côté, Melearys étreignait doucement Aelyn tout en lui répondant en murmurant :

- Je ne sais pas... Je n'arrive pas à savoir si ... Lynéa... est une victime ou une pièce de plus pour Adelkan. Il a déjà réussi à corrompre un être qui selon moi était pur tout cela en mettant dans la balance le devenir de notre peuple. Alors qu'en sera-t-il pour un être qui sait sa fin être proche ? Visiblement ta... jumelle... possède un serviteur de l'Ombre qui communique avec Adelkan. Comment savoir si elle ne vend pas des informations à l'ennemi ? L'Ombre est traître, retorse, manipulatrice. Et si c'est le cas, Lynéa a trouvé une allié de choix en la personne d'Amila. Alliée malgré elle, mais alliée tout de même. Que Kezyr me fasse mentir et que mes doutes soient là l'oeuvre unique de Kalimsshar... Puissé-je avoir tord.

*yùna reste sérieuse, mais sourit intérieurement. ce qu'elle entrevoyait vaguement à l'intérieur de clacius commençait à se préciser, même s'il était encore difficile de mettre des mots dessus. se pourrait-il qu'elle puisse enfin avoir un aperçu de l'être humain? ne voulant pas trop le brusquer, elle reste dans le même ton neutre et tranquille.

on dirait que tu arpentes un chemin bien exigeant, pour te rendre à ce point discipliné. je trouve ça assez... paradoxal pour un fataliste. quelque chose qui a beaucoup d'importance, peut-être même une importance qui te dépasse, et à laquelle tu sembles sacrifier beaucoup.

*un regard très vaguement interrogatif, elle ne s'attend pas vraiment à ce qu'il lui explique ses buts. ce soir c'est à la personne qu'elle s'intéresse.