[RP] Elenaa

Je me mis à rire, et Camélia ne sut répondre autrement qu'en me grondant de toute sa gentillesse.

- Lady, vous n'allez donc pas cesser de vous trémousser, J'essaye d'ajuster cette robe depuis cinq minutes!
- Tu me chatouille depuis cinq minutes!
- Hé bien je vais vous chatouiller cinq minutes de plus si vous ne cessez pas de bouger.
- Mais c'est parce que tu me chatouille que je bouge!

Bref, entrer dans cette robe en effet ajustée à mes formes avec tellement de précision qu'en coulisser les glissières devenait un jeu de patience n'était d'aucun repos. Rire était l'un de mes rares exuthoires, et chaque rire m'était d'autant précieux qu' à la nuit venue, tout recommencerait qui finirait encore dans mes larmes.

Et je savais bien que Camélia, ma nourrice, et servante, n'ignorait rien des causes de ces nuits qui coulaient comme le sable, toujours et encore les mêmes.

Finalement, un bruit crissant et l'impression soudaine qu'on venait de m'enfermer dans un carcan étroit signa la fin du supplice. Et le miroir renvoyait, hormis mes cheveux emmélés et mon visage rougi, la sillouette bel et bien moins qu'une jeune dame de cour élégante, et fière.

Je supposais que rajouter le ceinturon qui soutenait mon épée serait non seulement mal venu, mais qui plus est malaisé au milieu des volants et des voiles de l'ensemble. Camélia devança mon avis:

- Ho non, Lady. N'y pensez même pas, c'est une tenue de dame, votre épée restera à son harnais. Vous pouvez au moins attendre de revenir vous changer pour faire ravaler une insulte dans un duel, non?

Je me remis à rire, constatant le désastre qu'étaient ma coiffure et ma mine, désastre qui serait sans doute effaçé au plus vite par les soins de ma servante.

- Je suppose que je suis bien forçée d'écouter tes conseils, n'est-ce pas? Tu sais déjà que porter tout cela pour moi est presque aussi dur que de revétir une combinaison de combat pour le premier bleu venu.
- Mais ici, il n'y a pas de guerre, et pas de champ de bataille, en tout cas aucun qui justifie ce genre de comparaison. Mettez vos souliers, et je vais m'attaquer à refaire votre coiffure... et vous maquiller au moins un peu.

L'idée du maquillage allait donner lieu aux mêmes éclats de rires et trémoussements génés de ma part. Mais pour l'heure, en guise de soulier, je me retrouvais perchée sur des sandales à talons, six ou sept centimètres au dessus du sol. Finalement, les fixations d'une armure de guerre étaient moins complexes à prendre en main que les fins lacets de cuir et de soie de ces sandales. Quand à tenir ainsi l'équilibre, je savais d'avance l'aspect périlleux de l'exercice à chaque moindre pas un peu trop vif, ou brusque.
D'une certaine manière, la démarche des élégantes femmes allant sur ces talons n'était pas forçément un effet de style. Soit vous gardez une maitrise de vos pas et de vos gestes, soit vous finissez par terre sans coup férir.

Camélia réussit cependant à atteindre son but, non sans grande fierté. Je n'avais pas tenu à opposer de résistance réelle, ou de refus. Ce qui ne lui était pas familier. Mais je ne me sentais pas le désir ou le devoir intime ici d'avoir à prouver quoi que ce soit.

Camélia m'a toujours dis qu'en grande partie, la féminité m'est inconnue. Je ne pouvais lui donner tort. Bien que j'ai été initié à l'aspect stratégique qu'est le pouvoir de la nature féminine sur la nature masculine, ce genre d'aspect était fort éloigné de mes priorités. En fait, je l'avais toujours fui.

Désormais, c'était quelque chose à découvrir, et tenter d'apprécier. Je ne serai jamais une dame de cour, mais je ne puis m'empécher de croire certains des demis-mots de Camélia. Comme ce qu'elle nomme ma solitude. Non, je n'ai jamais connu les moindres bras à m'enlacer sauf ceux de mourants sur le champs de bataille à leur dernier souffle, quand le courage cède devant la peur de la mort et les regrets d'une vie perdue. Non, personne n'est jamais venue me rejoindre à la nuit dans ma chambre, non, je ne sais même pas ce qu'est un baiser.

Et je ne suis pas sûr que tout cela ait une importance, mais comment juger de ce qui l'est quand on n'en connait rien.

Camélia avait fini son oeuvre, et je ressemblais enfin selon ses dires à une dame. Il ne restait plus que l'épreuve suivante: vaquer sur ces quatre-vingt jours de voyage en m'habituant à cette image si différente de moi que me renvoyaient les miroirs de la chambre, et me méler aux passagers, parée à l'image que l'on attendait de mon rang...

Le vaisseau était immense. Et avait aussi peu de rapports avec le monde quotidien que je connaissais, que pouvait sans doutes l'avoir la vie d'un serf et la mienne.

Et je réalisais que simplement déambuler dans ce palais volant magnificient, dans une robe faite pour montrer aussi bien mon rang que mon apparence et mon charme, et ce que je veuille en doute ne changeait rien, était pour moi aussi étranger et angoissant que si j'avais eu à errer dans un marais en culotte avec un coutelas.

En fait... j'aurais été moins angoissée, je crois, en tout cas, aucun regard ne m'aurait amené à me sentir intimidée, et peser sur moi comme une sorte de plomb.

Camilia, qui me tenait compagnie tandis que nous nous dirigions vers les salons les plus cossus du navire, ne perdit rien de mon désarroi.

- Sauf votre respect, mais je me trompe, ou vous avez peur, lady?
- Tu parle... Je suis aussi effrayée qu'une pucelle devant un quarteron de soudarts, oui!
- Belle image. Mais à mon avis, à éviter ici tout autant que votre épée et vous habitudes de soldat si vous avez envie de profiter du privilège rare d'etre vue, et considérée comme une dame. Allons, personne ne vous mangera, Lady, et quand au moindre risque, je n'ai pas tellement de craintes. Vous étriperiez toute personne ayant un geste déplacé... si encore il avait le temps d'échapper à la colère de votre énorme garde du corps.
- C'est vrai. Et je devrais faire attention à mes expressions, mais j'ignore pourquoi j'ai une telle sensation dans la gorge et le ventre. Je n'ai rien à craindre, mais je me sens la cible de tout les regards, et l'envie de me cacher.
- Ma fille aurait rit de votre récit, Lady. C'est exactement ce que vivent les jeunes filles à leur premier bal. Rien de plus. La découverte que les femmes ont comme rôle à jouer que d'attirer l'attention, et les regards, et le pouvoir de le faire, bien plus qu'aucun homme ne le pourrait jamais, ou presque. Vous êtes adulte, noble et fière, guerrière et soldat. Mais dans le monde des rapports entre les hommes et les femmes, si vous me permettez, Lady, vous n'êtes pas plus qu'une enfant. Et prenez simplement ce qui arrive comme votre première découverte?
- Hmmm...

Je me mis à rire, un rire que je retins très vite. contrariée par la peur d'attirer un peu trop l'attention, tandis que nous arrivions sur les terasses des salons de thés qui servaient de rendez-vous à la plus riche noblesse du bord.

- C'est une belle leçon que tu me donne. Je pourrai presque y voir les leçons les plus simples de mes instructeurs, quand nous faisions nos premières armes. Sauf que c'est plus facile de définir ce que l'on peut perdre, et ce que l'on peut gagner, quand on se bat, qu'ici, où je ne sais rien de plus que les belles rêgles élémentaires de la courtoisie et de la diplomatie.
- Il n'y a rien de bien terrible à perdre ou gagner, Lady, d'autre que votre image. Certains lui accordent une importance sans nom, ce n'est pas typique des Hazat. Mais je dirais, simplement, qu'il y a peut-être à gagner de bons moments, le sourire d'un beau chevalier, de la douceur, toutes ces choses que j'ai toujours regretté que l'on ne vous enseigna pas, en même temps que l'on vous ai enseigné à être la meilleur des Hazat.
- Et tu pense que cela manque à mon éducation?
- Non, Lady. Je pense que cela manque à votre coeur...

La terrasse en question surplombe de quelques mètres le parterre d'herbe et de fourrés au travers duquel sillonne un petit sentier de terre. Elle donne en effet directement dans le grand dôme abritant la verdoyante forêt du Lady Caraway. Malgré sa taille assez importante - une vingtaine de tables et suffisamment d'espace pour réunir plusieurs dizaines de personnes debout - elle demeure cependant le plus petit des trois balcons ornant les fondations du dôme. Un petit escaliers de pierre en colimaçon permet d'ailleurs de rejoindre l'étage en dessous et d'aller batifoller sur le gazon.

Les lieux sont pour le moment assez calme, la plupart des passagers errants ca et là, visitant le navire immense. Quelques serveurs font la navette, proposant diverses boissons.

Durant leur conversation, la jeune noble et sa nourisse s'étaient rapproché de la rambarde en granit sculpté et échangeait ces quelques paroles, sans se douter qu'une ombre rôdait dans leurs pas. Puis soudain, les sens aiguisés de la guerrière Hazat allumèrent tous les feux d'alarme. Derrière elle, elle le sentait, c'était imminent...

Elenaa tiqua immédiatement, et au grand dam de sa nourrice, eut exactement les reflèxes qu'aurait un prédateur se sentant menaçé par un autre dans ce qui était son espace vital. C'est à dire que si ce fut spontanée, et fit tournoyer les jupons et les volants de l'élégante robe, cela n'avait rien des la moindre forme de manières polies et retenues d'une dame de cour...
Mais Elenaa au moins se tenait face à l'ennemi, ses pensées inutiles flitrées par son esprit de guerrière, prête à agir, comme si elle avait depuis toujours été prête à cet instant...

L'agresseur se tenait déjà, victorieux, prêt à porter le coup fatal à la jeune noble, le bras tendu vers elle. Les pétals blanc d'une fleur exotique vinrent percuter avec douceur le nez de la jeune femme, alors qu'à l'autre bout de la tige se tenait un homme, élégamment habillé à la façon des passagers du navire, un chapeau à large bords posé sur sa tête avec un plume à la taille impressionnante, rouge vive.

Debout sur la pointe d'un pied, en équilibre précaire, Léonard esquissa un large sourire en observant la réaction de la jeune noble.

Je manquais au geste de la fleur prête à me toucher d'achever mon geste de défense, et de porter l'habituelle série de coups et prises qui aurait désarmé mon adversaire... et lui aurait cassé deux os dans la foulée.

Et je fus heureuse de ne pas le faire, et surprise... et ce qui me géna le plus fut de rougir. Non de la surprise elle-même, non de la fleur, mais de ce geste gratuit de la part de cet homme, un geste simplement fait pour donner le sourire.

Et je souris, les joues rougies. Et sur ma peau d'albinos, c'était, je le savais, impossible à manquer...

Léonard toisa un instant la jeune femme, un sourire amusé aux lèvres en la voyant pivoine.

Voila un teint qui vous va à ravir, tout comme les atours dont vous êtes parée.

Il ne quitta pas le regard de l'albinos, même si l'assurance de ses paroles ne laissa aucun doute sur le temps qu'il avait pris pour l'observer.

Mais... Petit détail qui manque, et grave erreur de ma part...

D'un premier geste ample de la main, la fleur qu'il tenait en main disparut. Quelques passes sous le nez de la jeune femme et une large révérence plus tard, une autre fleur se tenait dans sa main, la même, mais d'un rouge profond. Il posa son regard sur la fleur, prenant presque un air étonné.

Oui ! Voila qui est mieux !

Laissant la jeune noble à sa surprise, il fit un pas vers elle, demeurant à distance raisonnable, mais suffisamment proche pour que son bras, tendu à nouveau vers elle, se rapproche de son visage, sa main venant piquer la fleur dans ses cheveux d'un geste théâtral d'une précision impressionnante. Ses mouvements et leur fluidité étonnante, Elenaa n'en avait vu que rarement, et en général, chez d'excellent combattants.

Il fit un pas en arrière, et l'observa longuement, à la manière d'un artiste jaugeant son oeuvre.

Camilia avait manqué un instant de commencer à protester avec véhémence -et l'argument de ses cinquante ans bien portés sur sa charpente de matrone de guerre en jupons- pour chasser le bouffon honni qui ferait forçément du tort à la dame qu'elle servait et qui avait déjà bien assez de mal comme ça.

Et elle se retint. En fait de bouffon, il semblait faire effort magistral de galanterie -bien que nettement trop osée et espiégle- et Lady Elenaa, qui n'en avait jamais autant vu, en semblait troublée. Et ça, pour la nourrice, c'était la meilleur des bonnes nouvelles.

Mais bon, quand même, il se permettait un peu trop de choses, le ladre.

- Monsieur, nous n'avons pas l'honneur de vous connaitre et ce ne sont pas des manières bien prudentes pour aborder une Dame de rang et lui être ainsi présenté?

Et Camilia se campa en attente de réponse, avec un air de défi qui aurait donné l'envie de rajouter une sorte de "non mais sans blague!"

...

Quand à moi, je ne savais plus où me mettre, ni que faire, et le pire est qu'il n'avait fallut qu'une poignée de gestes sans menaces et de deux sourires pour me faire perdre tout mes moyens. Que fallait-il dire, que fallait-il faire, devais-je me facher, l'éconduire, et comment? Devais-je bien le prendre, et sourire, ou rire, et comment cela serait-il perçu?... et en fait... je réalise que j'étais bien incapable de faire le tri de ces questions, et d'en trouver la moindre réponse. Alors autant essayer de faire au plus simple.
Ce fut en effet simple... et bafouillant, et proprement catastrophique:

- Heu.. m... merci?

Et je savais à cette seconde que je devais avoir une expression aussi éloignée de toute forme de noblesse digne qu'un paté aux olives est loin du plateau des desserts.
Il n'y aurait que Camilia pour me sauver, sur ce coup là.

Attrapant le bord de son chapeau, Léonard se fendit d'un large révérence, à la façon des nobles espagnols terriens, des millénaires plus tôt. Il adressa d'abord un large sourire à Camilia, puis se tourna vers Elenaa.

Vous avez raison ! Entièrement raison ! Je manque à tous mes devoirs... Je suis Léonard de... hmmm

Il hésita un moment, haussant un sourcil, pour reprendre de plus bel.

Simplement Léonard ! Barde, conteur, acrobate, prestidigitateur...

Il baissa d'un ton, comme pour murmurer un secret de la plus haute importance.

Et un peu magicien aussi... N'en déplaise à certains.

Il se redressa avec un clin d'oeil, son chapeau s'égayant en pirouettes complexes avant d'atterrir à nouveau sur ses cheveux.

J'espère que vous pardonnerez mon audace, qui n'aura pas eu, je l'espère, le malheur de vous froisser. Sans quoi, je m'en remettrais humblement à la pénitence nécessaire.

J'eu -miracle- le temps de répondre avant Camilia qui, à mon avis, allait être froissée d'entrée de jeu par le personnage. Et puis, j'étais sensée jouer mon rôle et mon rôle en théorie ici devait être quelque chose comme parvenir à pouvoir garder un minimum de dignitié et d'allure.
Et ce même si ce genre de considérations, à cette seconde, m'importait peu. Léonard était élégant et drôle, distrayant, et sans doutes le serait plus que jamais l'immense majorité des nobles de mon rang dans tout le navire le pourraient.

- Je suis ravie, Messire Léonard, j'aurais pu croire que vous ne soyez que pitre, mais je suis heureuse de vous voir aussi galant, drôle, et toujours aussi frondeur. Et... cette fleur est magnifique, merci de ce cadeau.
Je suis Lady Saeni Elenaa Constantine Vacce de Almilaglio. En général, m'appeler Lady Elenaa suffit.

Camilia ne perdait pas une once de la conversation, et toisa le pitre, ostensiblement. Pour qui n'aurait pas saisi, cela avait valeur assez violente de "je vous ai à l'oeil". Ce qui se comprenait assez bien. Pourquoi Diable fallait-il que ce fut ce bouffon sans doutes sans le sou et sans esprit, coureur de jupon, à n'en point douter, et surement hérétique jusqu'à la moëlle, qui vienne à aborder sa "filleul" à qui il y a tant à apprendre sur la vie, la romance, et les manières des hommes et des femmes de cour?

Tous les honneurs sont pour moi gente dame. Si les conventions l'exige, je me ferais un plaisir de vous appeler par votre nom dans son entier. Même si cela risque grandement de rallonger mes phrases, bien que leur donnant une certaine mélodie. Evidemment, si vous m'autorisez à utiliser votre diminutif, la conversation n'en sera que facilitée pour moi.

Son allure était devenue particulièrement fière pendant qu'il s'exprimait, au point qu'on aurait facilement pu croire qu'il aurait très bien pu être élevé dans n'importe quelle famille noble de prestige.

Quant à mes pitreries, belle Dame, elles ne sont que l'extension d'une bonne humeur assumée ! Mais je préfère nettement réserver mes blagues et autres farces à l'austérité et la "noblesse" qui habille si souvent les visages des passagers de ce navire. Il m'est plus agréable de faire des pieds et des mains afin de rendre votre séjour dans mon humble demeure le plus confortable et mémorable qui soit.

Il lança un sourire malicieux à Camilia, avant de reprendre sur un ton de conspirateur.

On a bien essayé de m'exproprier quelques fois de manière plus ou moins courtoise, mais... J'avoue avoir quelques allergies envers les sas de secours.

Il fixa à nouveau Elenaa dans les yeux, se parant d'un nouveau sourire.

Je ne sus retenir un sourire franc, et curieux. Je l'étais, et me demandais si il était réellement chez lui, s'y croyait, ou simplement trouvait drôle de le prétendre. A mon avis aucun des trois, et sans doutes pas mal de folie, simplement assumée. Mais la folie a cela d'avantageux que je me dit que cet homme saurait ne pas aller trop loin et avoir la galanterie de savoir s'arréter. Ou comprendre quand le faire quand je voudrais le lui faire comprendre.

- Alors ces lieux sont votres, mais visiblement, tout le monde n'est pas de cet avis? A vrai dire, et tant que l'on évitera une visite des sas, notre idée, ma nourrice et moi, était de découvrir notre environnement pour les 80 jours à venir. Je ne suis pas très habituée aux palais. Même volants...

Eh bien... On peut dire qu'à quelques petits détails administratifs prêt, de quoi faire pâlir un cortège de Baillis, oui, vous êtes chez moi !

Dans un geste théâtral, il embrassa de ses bras l'étendue verdoyante qui s'étendait derrière Elenaa et sa nourice.

Le Lady Caraway est immense, mais la je ne vous apprends rien. C'est un véritable labyrinthe, dans lequel on peut facilement se perdre...

Il prend un ton plus pesant, lourd de sous-entendus.

Et il fourmille de lieux différents, dans lesquels on ne sait pas toujours ce qui s'y cache...

Son regard se veut inquiétant, passant tour à tour d'Elenaa à Camilia. Puis il change totalement d'expression, prenant une posture presque prétentieuse.

Mais votre serviteur à toutes les clés, tous les accès... Et il connait le Lady Caraway mieux que ses propres poches ! Alors... Ne pensez vous pas que vous avez la... le guide parfait ?

- Voudriez-vous alors être mon guide?

Je prenais un risque, et je regardais Camilia à cet instant. Le risque était un peu clair, celui du "qu'en dira-t-on", et je préférais prendre son avis sur mon choix, mais d'un certain point de vue, qu'est-ce que je pouvais bien risquer?

Bien sûr, elle fronça les sourcils et soupira, avant de m'offrir un sourire complice. Bien. A son avis, ce n'était pas si si mauvaise idée. Léonard, mais de réputation sûrement peu enviable, devait connaitre bien des gens. Et puis, je serais assurée de voir fuir les plus ennuyeux habitants des lieux en sa compagnie. C'était une bonne chose.

Votre accord me comble de fierté, Noble Dame. Je suis votre très humble serviteur.

Il lui adressa un sourire ravi, ainsi qu'une petite courbette à Camilia. Dans le fond de la terrasse, on pouvait entendre un des serveurs pester devant un grand pot de granit, posé sur la rambarde, dans lequel semblaient manquer quelques fleurs. Léonard afficha une petite moue innocente avant de tendre son bras à l'intention d'Elenaa.

Que diriez vous de commencer tout de suite ? Il vous reste quelques heures avant le souper, et c'est...

Il tendit la main, paume vers le ciel, comme s'il attendait une quelconque averse.

Un temps magnifique pour découvrir la serre. Si le coeur vous en dit !

- j'en serai ravie, Léonard.

Et je lui tendis mon bras, une invitation que je n'aimais pas donner, mais à cet instant, il me fdut moins pénible que d'habitude d'accepter ce geste de me laisser guider, et de choisir un chevalier servant... tel que cet homme fantasque.

Avec beaucoup de délicatesse, Léonard pris la main de la jeune femme dans la sienne, venant la poser sur son avant bras, et se retourna vers Camilia, à qui il lança son plus aimable sourire.

Il fit descendre les escaliers en colimaçon à Elenaa, faisant preuve d'une extrême précaution à l'égard de la jeune femme. Le chemin de terre était parfaitement entretenu, bordé de pierre et de rondins de bois par endroit. Léonard semblait avoir une très bonne connaissances des plantes de la serre, dont il dévoilait les vertues et les caractéristiques intéressantes au fur et à mesure qu'ils déambulaient dans ce jardin aux senteurs de forêt. Difficile à dire si ce qu'il racontait était véridique ou le fruit de son imagination, mais l'assurance avec laquelle il exposait les choses laissait songeur.

La serre, longue d'une petite centaine de mètres sur le dos du "poisson" qu'était le Lady Caraway, était organisée en plusieurs plateaux rocailleux, comme un long escalier, reliés entre eux par des rampes et des escaliers en bois. Un petit ruisseau démarrait d'ailleurs sur le plateau supérieur et descendait en quelques cascades jusqu'au plateau inférieur. La diversité de plantes et d'arbres était impressionnante. La flore semblait venir de partout dans les Mondes Connus, et les jardiniers du vaisseau devaient sans le moindre doute avoir un travail titanesque.

Après quelques minutes de marche et être monté sur le second plateau, Léonard quitta le sentier pour mener Elenaa et sa nourrice au niveau d'une des cascades, dont l'eau s'accumulait dans un petit bassin rocailleux aménagé, avant de reprendre sa route vers l'aval. Quelques rondins étaient installés sur le sol, ainsi qu'une souche, formant une sorte de petite place de repos. D'un geste de la main, il vint écarter les quelques brindilles posées sur la souche, et invita Elenaa à s'asseoir.

Voici un endroit que j'apprécie particulièrement... A l'écart du chemin, calme et reposant. Ce n'est pas le plus beau de tous, ni le plus tranquille, car il arrive que des gens s'y arrêtent, mais il est moins fréquentés que ceux des plateaux supérieurs. Idéal pour discuter, lire, ou que sais-je encore.

Un nouveau sourire charmeur vint orner ses lèvres alors qu'il s'adressait à la jeune noble.

Je me retrouvais assise, avant d'avoir eu le temps d'hésiter, admirant les lieux, pesque hypnotisée... et surtout, compltèement subjugée par mes propres réactions et mon silence. Etai-ce juste èarce que je me sentais un peu en paix... ou simplement parce que ici, et maimtenant, je ne demandais bien ce que j'éitais sensée dire?...

Je me tournais vers Camilia, d'un regard, pas réellement pour l'appeler à l'aide. Mais, oui, j'apprenais une chose que j'avais du mal à cerner: je n'étais plus chez moi, je n'étais plus en guerre, je n'avais plus rien à prouver, et le droit de gouter la paix de ce moment et de ce parc avait un gout étonnant.

Léonard du me trouver bien silencieuse.. mais je n'avais pas ma moindre foutue idée du moindre foutu mot à dire. J'étais bien trop en paix pour trouver un mot pour ça.

Léonard semblait se rendre parfaitement compte du trouble de la jeune noble. Il resta cependant silencieux, les yeux clos, lui laissant l'occasion de profiter du calme de cet endroit. Lui même s'installa contre le tronc d'un arbre en bordure d'eau, humant un long instant l'air, certes "naturalisé", du dôme, dont les senteurs forestières masquaient quasi totalement celles des climatiseurs.

Il resta un long instant ainsi, avant d'ouvrir un oeil qu'il lança en direction du chemin à quelques mètres de la. Il sembla tiquer un instant, avec un très léger plissement de paupière laissant penser à une légère inquiétude. Qui passa son chemin rapidement.

Rouvrant doucement les deux yeux, qu'il posa sur Elenaa après un sourire à Camilia, il reprit sur un ton calme.

L'endroit vous plait Noble Dame ?

- L'endroit me plait, messire, plus que vous auriez même idée qu'il puisse avoir d'effet sur moi. Au moins, je saurais où ces prochains jours venir me ressourcer, en paix, ou encore partager un en-cas presque avec le sentiment dêtre comme à l'air libre, non?.

Bien suîr Camilia n'était pas du même avis, et je le savais, mais là, elle était un peu piéegée. Après, tout, ne faisais-je pas ce qu'elle attendais de moi?

- Il faudra tout de même faire attention, un minimum, à vos fréquentation, lady, mais si je ne doute pas que messire Lénoard ne pose soucis pour vous, il faut simplement songer à ne pas vous attirer plus de tracas que vous ne voudreiz en avoir, non?

Ca, c'était bien une reflexion de sa part... Et en voyanr sa tête à la fois un peu méfiante envers cet homme étrange, et un peu génée de se sentir forcée de me rappeler à l'ordre, au cas où, je ne puis que sourire, encore plus.

Léonard semblait s'amuser de cet échange, et apprécier le sourire qui se dessinait sur les lèvres d'Elenaa.

N'ayez crainte ma Dame, reprit-il à l'attention de Camilia. Aussi longtemps que votre protégée partagera les quelques instants qu'elle voudra bien m'accorder, elle n'aura rien à craindre de personne à bord de ce navire. J'y mettrais un point d'honneur, ma vie en dépende !

Il s'était redressé, d'un air solennel, sur ces mots.

Camilia ne savait pas quoi répondre... elle était génée, c'était une réponse de gentilhomme, mais pas une réponse adaptée pour une hazat de la Voie de l'Epée, et à mon avis Léonard dut se rendre compte qu'il perturbait ma nourrice.

- Ce n'est pas cela, messire. Je crois que je pourrais tuer à mains nues la moitié de ce vaisseau d'un seul bras. mais votre sollicitude vous honore car ce que craint ma nourrice, et je l'écoute toujours, c'est ce que je ne connais pas, et je ne connais rien, et cela se voit, je le sais, aux manières des cours, de ces choses là, et dans ce petit monde qu'est ce vaisseau... je ne suis pas armée. Elle s'inquiète pour moi.

J'en conviens Noble Dame, même si bien souvent, les mots peuvent être aussi assassin que des poignards. Mais si cela peut vous rassurer, je vous désigerai certains rapaces de ce bord qu'il vaut mieux éviter.

Il adressa un sourire sincère à Camilia.

Et je ne peux que féliciter votre nourrice pour son dévouement et le coeur qu'elle semble mettre à cette tâche.

Tout en tenant son discours, ses yeux semblaient suivre quelque chose derrière les deux femmes, sur la plateau inférieur. Du moins, pendant un court instant.

-Que se passe-til?

L'inquiétude de mon chevalier servant ne m'avait pas échappé, et je regardais par dessus mon épaule, doucement. Je me doutais que ce vaisseau devait être un nid de vipère, à n'en pas douter... Et j'avais, qui plus est, une apparence qui suscitait pas mal d'animosité. Ce qui en règle générale m'arrangeait. Mais dans un lieu inconnu, cela n'était pas un avantage.