[Aelyn - Lynea] Face à face

Le mage esquisse un sourire.

- Ce n'est pas tant de la discipline. Disons que j'ai une fâcheuse tendance à désirer ce que je ne peux obtenir. Et pour ce que je sais à ma portée, je ne prends pas de risque. Les personnes importantes dans mon entourage, les attaches qui semble vous tenir tant à coeur, pour moi ce ne sont en réalité que des faiblesses dont mes ... "ennemis" pourraient profiter pour m'abattre. On ne trouve, à mon sens, qu'un réconfort bien illusoire en s'attachant à autrui. Par contre, on va clairement à l'encontre de difficultés.

Claciuss fixe une nouvelle fois Yuna toujours souriant mais cette fois sans artifice.

*yùna hoche la tête, elle comprend ce point de vue, tout le monde passe par là à un moment dans sa vie. elle a quand même l'air relativement concentré.

voilà donc ta limite, tu ne t'approches jamais vraiment des gens pour éviter les ennuis, et la douleur. sûr que ça évite pas mal de tracasseries. mais à force, comment tu fais pour gérer? je veux dire, réprimer à ce point ce genre d'émotions, ça doit peser quelque part, non? à ton avis, ça a eu quoi comme effet sur toi au bout de tout ce temps?

Claciuss éclate d'un rire franc...

- Quel effet ? Et bien je suis toujours en vie ! Attention ne nous méprenons pas. Je dis bien que c'est un choix de ma part. Un choix qui me coûte moins que son inverse. Et à vrai dire je ne sens pas réellement le poids de la solitude. Je ne suis pas réellement seul, mais disons que mes... "amis" et moi savons à quoi nous en tenir. Chacun pourrait profiter d'une occasion avantageuse pour trahir l'autre.

Le mage sourit une nouvelle fois.

- C'est aimable à vous de vous inquiéter de moi, mais vraiment, ce n'est pas nécessaire. Ma vie est bien réglée, elle tourne comme je l'ai toujours voulu et maintenant plus que jamais, j'atteins ce que je souhaite.

Amila veillait toujours, et elle jetait des regards au groupe, le plus prononcé, un regard doux, et accueillant, était pour Aelyn, l'invitation pour la jeune femme à venir lui parler, à quelques pas, quand Lynea se serait endormie.

Elle scruta Classius un moment, avant de répondre, à voix basse, modulant le ton de ses mots pour les laisser passer dans le silence calmement, audibles à tous:

- Ce choix interdit des choses qui de mon point de vue sont le moteur de nos existences: L'amour. Je ne parle pas bien sûr de l'amour des poètes, mais de elui que l'on trouve dans le regard de ceux qui comptent sur vous, ont besoin de vous, et sur qui vous savez pouvoir rendre ce même regard. Ce regard que Jared a sur moi quand le prend des risques, et celui que j'ai sur lui quand il s'en va à la guerre. Ces regards qui veulent dire: je serai là quoi qu'il advienne.
Avec cet amour, on apprend la peur, et l'importance de choses essentielles, comme le prix de sa propre survie, et le prix attaché à la survie des êtres qu'on aime. J'admire votre capacité à avoir déplacé des besoins élémentaires comme ceux-ci pour vous fixer d'autres besoins, d'autres objectifs.
Nous sommes le fruit de nos histoires, chacun de nous trouve le moteur à sa propre existence... Votre moteur est bon. Mais je préfère ma place à la votre...

Aelyn fait un signe affirmatif à Amila et va s'asseoir un peu plus loin. Lynea, pour sa part, avait finit par fermer les yeux, s'endormant petit à petit en tenant la main de la diplomate.

Amila se dégagea doucement de sa position, laissant Lune veiller sur les trois endormies, et s'installa auprès d'Aelyn, sortant quelques feuilles vertes qu'elle se mit à mâcher.

Jared avait posé un regard bienveillant sur la Dame lorsqu'elle avait fait mention de leur attachement. Le Combattant, que la Dame savait peu loquace avec les "étrangers", semblait avoir été touché qu'elle le prenne comme exemple. Il n'avait pas confirmé son argument par quelques paroles que ce soit, mais son sourire était une preuve bien suffisante.

Claciuss quant à lui avait écouté avec attention la Dame, s'abreuvant littéralement de ces paroles. Il lui avait fallu un instant pour ajouter quelque chose.

- Ne croyez pas que certaines personnes ne me sont pas chères. J'ai simplement décidé de les ignorer ou tout du moins de le laisser supposer. J'aimerai sincèrement pouvoir penser comme vous Dame Amila, comme vous tous en général. Mais... ma place n'est pas celle-ci. Ma place est celle du bouffon moqueur. Je suis le troubadour qui glorifie le doute et perce les défenses morales et sociales de cette société.

Il avait conclu par un mouvement de main tournoyant et grandilotesque, salut s'il en était, pour ce qu'il prenait sans doute pour son auditoire.

*yùna scrute claciuss d'un air évaluateur, les sourcils un peu froncés, comme si elle le disséquait.

ce que je veux savoir, c'est pas si tu penses avoir fait le bon choix, c'est visiblement le cas. non, je veux savoir quels changements tu penses que ça a opéré sur toi, au niveau de ta façon d'appréhender les choses, de les vivre. à moins que ça n'ai rien changé?

*yùna a choisi ses mots avec attention, laisser échapper le terme sociopathe, même s'il est adapté, risquerait de faire dévier la conversation sur des digressions inutiles...

- A vrai dire, je n'ai pas le souvenir d'avoir été différent un jour. Je crois que cela toujours été une évidence pour moi. On ne peut donc pas parler de changements significatifs. Disons que je ne peux qu'évaluer ce que j'aurais pu avoir ou être d'autre...

Claciuss était redevenu sérieux pour répondre à la nouvelle question de la combattante.

*yùna ne peux s'empêcher de penser à caron ou eim, mais réussit à ne pas leur jeter de coup d'oeil.

c'est plutôt étonnant, mais tout est une question de circonstances, j'imagine. il y a des moments où l'on est obligé de ne rien ressentir pour pouvoir continuer à avancer. tu es originaire de kali?